Guerre israélo-palestinienne: Où en est vraiment la Syrie?

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La Syrie est de plus en plus atteinte par la guerre israélienne à Gaza et les frappes de Tel Aviv contre tous les alliés de l’Iran. La guerre parait même, comme au Liban, se rapprocher de ses perspectives d’un avenir incertain. La fuite en avant d’Israël pour garantir la sécurité de ses frontières menace maintenant tous les pays de la région.

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Le journal français le Monde a fait sa Une de son édition double du dimanche et lundi 14 et 15 septembre 2024 sur la Syrie. L’approche du quotidien français est dans sa ligne éditoriale particulièrement hostile au pouvoir de Damas. Mais cela étant pris en compte, il y a des réalités.

La Syrie, depuis Gaza, est de plus en plus concernée par le jeu des influences étrangères et des luttes régionales.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, les frappes israéliennes du 8 septembre dernier sur la région de Masyaf, dans le centre ouest de la Syrie, sont probablement les plus violentes depuis le 7 octobre 2023, information reprise par RFI. Le New York Times et le site d’information Axios indiquent que, pour la première fois, des forces spéciales israéliennes sont intervenues dans une fabrique de missiles téléguidés et de drones iraniens destinés au Hezbollah.
Vendredi 13 septembre, des éléments supplémentaires permettent de mieux cerner les contours de l’opération, qui a eu lieu dimanche 8 septembre en fin de journée, dans les environs de Masyaf, au cœur d’une région montagneuse au nord de Homs.

D’abord égrainés dans la presse internationale et israélienne, ces éléments ont été appuyés –à défaut de confirmation officielle israélienne– par des informations de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Selon cette ONG créée en 2006 à Londres, qui a assis sa réputation durant la guerre en Syrie, l’assaut héliporté de la nuit de dimanche visait plus précisément le site de Hair Abbas, au sein de l’Institut 4 000, une structure de production d’armes qui dépend du Centre d’études et de recherches scientifiques syrien, désormais placé sous supervision iranienne. Les commandos auraient saisi du matériel et même capturé deux experts iraniens. Le raid aurait fait en tout 26 morts. Des informations qu’Israël se garde bien de confirmer. Au Sud Liban, et plus en profondeur dans le pays, Israël multiplie les attaques sur les dépôts d’armement du Hezbollah, qui continue d’attaquer Israël à coups de roquettes et de drones. Des développements qui font dire au commentateur du quotidien de gauche Haaretz qu’Israël a en fait exploité toutes les phases d’hostilités situées en-dessous du niveau de la guerre à pleine échelle, notamment avec l’élimination le 30 juillet 2024 de Fouad Shoukr, le chef d’état-major du Hezbollah. Le ministre israélien de la Défense l’a affirmé à des soldats stationnés à Gaza. «Nous nous préparons à toute éventualité dans le nord. Le déplacement du centre de gravité peut être rapide et peut vous inclure aussi, dans un délai court», a souligné Yoav Gallant.

Geir O. Pedersen, l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, a décrit l’impasse politique comme étant profondément enracinée, sans voie politique claire pour mettre en œuvre la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui définit une feuille de route pour la transition politique en Syrie. Il a mis en garde contre les risques de division et de désespoir prolongés, qui menacent non seulement les Syriens, mais aussi la communauté internationale dans son ensemble. «Un nombre vertigineux d’acteurs locaux et internationaux et de groupes terroristes répertoriés restent engagés dans le conflit, à l’intérieur et au-dessus du territoire syrien, sur de multiples théâtres», a déclaré M. Pedersen.

Il a détaillé les affrontements en cours dans le nord du pays et les tensions sécuritaires dans les zones sous contrôle, compliquées par les retombées de la guerre à Gaza, notamment les frappes aériennes israéliennes en Syrie et les attaques de roquettes et de drones depuis le territoire syrien vers le Golan syrien occupé par Israël. «Si cette dynamique se poursuit, nous verrons inévitablement encore plus de souffrances civiles. Et nous pourrions également assister à des escalades majeures et à une instabilité accrue dans la région», a-t-il averti, réitérant également la nécessité d’un cessez-le-feu à Gaza.

Une situation dangereuse que devrait encore aggraver une intervention israélienne contre le Hezbollah au sud Liban.  Les échanges de tirs, qui se sont intensifiés ces trois dernières semaines, ont déplacé environ 200 000 personnes des deux côtés de la frontière depuis le 7 octobre, tuant 600 personnes au Liban, dont au moins 137 civils et 48 personnes en Israël, dont 13 civils israéliens et 12 jeunes enfants druzes dans la ville de Majdal Shams, sur le plateau du Golan, qui revendique encore une identité syrienne.

Le négociateur de la Maison Blanche Amos Hochstein a rencontré les dirigeants israéliens lundi 16 septembre, pour essayer une fois encore d’endiguer l’escalade régionale redoutée que représente une guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah libanais. Un «changement radical» à la frontière israélo-libanaise est nécessaire, a déclaré, le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahu, selon le communiqué publié à l’issue de leur entrevue. Le pire n’est pas sûr mais possible, sinon probable hélas, et la Syrie serait alors happée par le cycle de la violence… Le cyclone qui dévaste  Gaza est de plus en plus un Tsunami régional.

Patrice Zehr 
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