Hooliganisme : Le drame de Sidi Bernoussi au parlement

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Que faire contre les débordements des supporters des clubs de football? La question sera à l’ordre du jour d’une prochaine séance de questions orales au parlement, déclare à Le Reporter le président du groupe parlementaire du Mouvement populaire (MP), Driss Sentissi, quelques jours après le drame de Sidi Bernoussi, qui ravive la polémique sur la violence des hooligans dans les quartiers.

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Scènes de vandalisme intense, pétards, feux d’artifice, fumigènes, etc. Comme dans d’autres pays, les Marocains se sont habitués à ce que les matchs de football soient accompagnés d’un certain niveau de violence. Mais les hooligans sévissent aussi dans les quartiers.

Jeudi 20 juin, des violences ont éclaté dans certains quartiers de Casablanca. Les plus graves ont été constatés à Sidi Bernoussi et Sidi Moumen, deux quartiers situés dans la Préfecture d’arrondissements de Sidi Bernoussi.

Un incident survenu à Sidi Bernoussi a particulièrement suscité la colère dans les réseaux sociaux et surtout au sein des habitants de ce quartier où une personne a été tuée et un blessé parmi les agents de police dans des affrontements entre les supporters du Raja et ceux du Wydad.

Les violences ont explosé quand  les supporters du Raja s’étaient rassemblés pour fêter le titre de champion du Maroc. Mais cela s’est rapidement transformé en un affrontement avec les supporters du WAC, donnant lieu à des scènes de vandalisme intense.

Selon des sources policières, les éléments de la préfecture de police de Sidi Bernoussi ont procédé, dans la soirée du jeudi 20 juin, à l’arrestation de 7 personnes, suspectées d’être impliquées dans ces violences ayant conduit à la mort d’un des participants. Le jeune homme pensait assister à une belle soirée de célébration du sacre des Verts en Botola. Il était loin d’imaginer qu’il finirait par y perdre sa vie.
Les supporters des deux clubs rivaux de Casablanca ont utilisé des feux d’artifice, des fusées éclairantes et des jets de pierres, rendant la situation très dangereuse. Ils s’en sont également pris à la police. Plusieurs automobilistes n’ont pas pu passer à cause de plusieurs dizaines de fauteurs de troubles, racontent plusieurs habitants de Sidi Bernoussi, où les supporters les plus fervents se rassemblent habituellement.

«On ne doit plus tolérer ces rassemblements. De nombreux fumigènes sont craqués par ces groupes d’Ultras dans la foule près de nos maisons sans même se soucier de la sécurité des gens. L’un de ces engins aurait pu brûler mes enfants ou une autre personne parmi la foule», crie une jeune maman. Celle-ci insiste, non sans colère : «Ce n’est pas la première fois que ces jeunes sèment la panique parmi les habitants de notre quartier. Il faut trouver des solutions à ce problème».

Un père de famille se dit lui aussi en colère contre les hooligans. «L’utilisation des engins pyrotechniques par des hooligans dans ce quartier sont monnaies courantes. Jusqu’ à quand doit-on supporter la violence de ces groupes. On doit prendre les mesures qu’il faut pour éviter de tels incidents», dit cet habitant de Sidi Bernoussi dont le drame a suscité une avalanche de critiques et de questions.

Vivement des solutions…

Que faire contre les débordements des supporters ? Quelles sont les mesures qui peuvent fonctionner en matière de lutte contre ce phénomène très inquiétant? Après cette tragédie de Sidi Bernoussi, les autorités vont-elles changer de ton dans leur réaction officielle contre le hooliganisme au Maroc? Vont-elles montrer une détermination nouvelle dans les mesures contre ce phénomène? Bref, autant de questions qui interrogent en tout cas le gouvernement et qui nécessitent des solutions urgentes au hooliganisme qui arrive dans nos quartiers.
Le sujet sera à l’ordre du jour d’une prochaine séance de questions orales au parlement, a déclaré à Le Reporter le président du groupe parlementaire du Mouvement populaire (MP), Driss Sentissi.

Celui-ci a qualifié l’incident de «grave». «L’incident survenu dans le quartier de Sidi Bernoussi est grave. Il s’agit d’un rassemblement de plusieurs personnes. Or tout rassemblement dans la rue est sujet à des lois qui interdisent, sauf autorisation, l’organisation de marche ou de fête dans la rue. Il faut interdire formellement tout rassemblement de toute nature concernant ces groupes. Impossible de faire autrement. Et s’il y a lieu d’autoriser il faut limiter en nombre les personnes autorisées, avec suffisamment d’agents de sécurité pour contenir la violence de ces groupes», insiste le parlementaire.

Outre le travail traditionnel des agents de sécurité, qui consiste à traquer et à poursuivre ces groupes de hooligans, Driss Sentissi estime qu’un certain nombre de mesures doivent être adoptées pour contenir la violence chez les supporters de football.

«Il faut trouver des solutions. On a besoin d’une approche coordonnée, à travers notamment un certain nombre de mesures et d’actions qui vont de la réalisation de maisons de jeunes aux stades de proximité. Tous les acteurs concernés doivent discuter ensemble de cette problématique et prendre les décisions qu’il faut», explique ce parlementaire de l’opposition.

Pour lui, il est aussi important d’ouvrir un grand dialogue avec ces Ultras. «A mon sens c’est un dérapage qui peut arriver à tout moment. Ces jeunes supporters n’ont pas toujours une bonne situation, ni un travail. Aujourd’hui, il faut ouvrir un dialogue avec eux, et leur assurer des stades de proximité, des transports qui leur seront dédiés», dit ce parlementaire, qui déplore l’utilisation des fumigènes et des feux d’artifice par ces supporters.

Depuis 2018, dit-il, une loi interdit de manière formelle l’utilisation ou l’introduction de «fusées, de feux d’artifices ou des fumigènes». L’interdiction est accompagnée d’un endurcissement des sanctions. «Ces engins posent vraiment problème. Pourtant la loi existe et il faut l’appliquer de façon stricte et draconienne. Il faut serrer davantage au niveau des frontières pour que ces produits ne rentrent pas. C’est la seule solution  pour arrêter l’utilisation de ces produits prohibés qui se vendent malheureusement sur le marché», conclut Driss Sentissi.

Mais les supporters continuent d’introduire ces engins pyrotechniques. Certains supporters confient à Le Reporter qu’il est très facile de rentrer des fumigènes et expliquent que ces engins rentrent de plusieurs manières (cachettes dans des béquilles, des plâtres…etc.). Ils tiennent à souligner que les fumigènes font quand même partie de la panoplie du supporter lors d’un match ou lors de la célébration d’une victoire.

Dans le cas du football, la violence est un phénomène «complexe» impliquant la réunion de plusieurs facteurs, dont notamment l’identité de ces supporters des clubs de football, les psychotropes, la drogue, chômage, pauvreté, exclusion…etc., indique un spécialiste de la violence des supporters. Il estime que des sanctions collectives ne sont pas la solution. «Des mesures sévères comme des matchs clos ne sont pas la solution. Elles ne sont pas dissuasives. Elles peuvent même consolider la solidarité entre ces groupes pour se défendre contre une punition qu’ils considèrent abusive», dit-il.

N.Cherii

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