Crabe bleu/ Nador : Une prolifération qui inquiète les pêcheurs

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Ces dernières années, les crabes bleus envahissent certains secteurs du nord du Maroc. Dans la Lagune de Nador, pour ne citer que cette zone, ces espèces prolifèrent à une grande vitesse. Au point de devenir une menace qui pourrait peser sur la pêche artisanale.

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Les crabes bleus font des dégâts dans certaines zones du Maroc. Sa prolifération massive inquiète beaucoup les pêcheurs exerçant dans la pêche artisanale. Dans certains secteurs comme la Lagune de Nador, dite Mar chica, laquelle compte 400 barques, les pêcheurs approchés cette semaine par Le Reporter en font l’amère expérience.

«Ils sont partout. On voit vraiment une avancée de ces espèces. Ça commence réellement à nous inquiéter», lancent les mêmes pêcheurs qui disent constater une multiplication de cette espèce invasive dans leurs eaux ces dernières années.

«Mar Chica ne connaissait pas de crabes bleus  il y a encore quelques années. Mais aujourd’hui, le crabe bleu a complètement envahi la Lagune. Il se multiplie dans nos eaux surtout entre le début de mai jusqu’à octobre», soutient Hicham Soudani, un professionnel de la pêche artisanale à Mar Chica (petite mer).

Selon lui, la baisse de certains poissons dans la zone nord comme la dorade et le poulpe, qui mangent ces crabes bleus, pourrait contribuer à la prolifération de cette espèce. Pour ce professionnel, la présence de ces crabes bleus pourrait sonner le glas des poissons que les pêcheurs pêchaient depuis plusieurs décennies dans cette Lagune où l’eau de la Méditerranée pénètre.

Le crabe bleu s’alimente de palourdes, d’anguilles, de crevettes ou encore d’autres poissons que pêchent les pêcheurs. Notre interlocuteur raconte à Le Reporter que cette espèce est agressive. Avec ses larges pinces, explique-il, les crabes bleus peuvent sectionner les filets des pécheurs. A tel point, dit-il à Le Reporter, que les pêcheurs ne peuvent pas exercer leur métier en cette période estivale qui connait la multiplication massive des crabes bleus, lesquels peuvent mesurer jusqu’à 25 cm et peser pratiquement un kilo. Une nouvelle menace qui pourrait peser sur la pêche artisanale. «Si certains pêcheurs ont trouvé des alternatives, beaucoup d’entre eux sont actuellement en chômage», indique la même source.

Il y a quelques mois, le ministère a donnée son feu vert pour la pêche «expérimentale» de cette espèce, fait savoir H.Soudani. Mais sa commercialisation sur le marché marocain pose encore problème, dit-il, soulignant que «l’on travaille actuellement sur ce volet de commercialisation du produit».

Notre interlocuteur indique au passage que pour l’instant, l’impact économique pour les pêcheurs marocains serait quasiment nul. Car, dit-il, «Il n’y a pas encore une demande pour cette espèce. Les Marocains ne consomment pas le crabe bleu. Si dans une ville comme Casablanca, cette espèce est vendue à 25-30 dirhams, dans les autres provinces comme Nador, les apports sont nuls. Puisque son prix est zéro dirham», indique notre interlocuteur.

Il convient de souligner que Maroc n’est pas le seul pays touché par ce phénomène. Ces crabes bleus, qui sont comestibles, ont également été remarqués dans plusieurs pays de la Méditerranée. Dans certains pays comme l’Espagne ou la Tunisie, cette espèce originaire d’Amérique, a même un prix très compétitif, note la même source. Mais au Maroc, poursuit celle-ci, «les lois ne sont pas claires pour l’exportation des crabes bleus. Leur exploitation est encore non productive pour les pêcheurs. On attend que les choses soient claires concernant les lois relatives à l’exportation de ce produit».

Selon Hicham Soudani, pour espérer qu’avec le temps on puisse en faire une ressource durable, il faudrait mettre en application des actions efficaces pour le développement de la pêche du crabe bleu au Maroc comme dans d’autres pays.

Si l’impact économique pour les pêcheurs marocains est encore nul, c’est l’impact écologique de la prolifération de cette espèce qui inquiète aussi les scientifiques. Sa présence menacerait-elle l’équilibre des écosystèmes existants? La question inquiète en tout cas les scientifiques soucieux de la préservation des écosystèmes. Selon eux, chaque femelle peut pondre plus de 2 millions d’œufs lors de la période de reproduction en été.

Il y a quelques semaines, un groupe de chercheurs et d’étudiants se sont déplacés dans la Lagune de Nador pour surveiller cette espèce et tenter de répondre aux questions posées, fait-on savoir.

Naima Cherii

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