Oui. Il y a la France que nous aimons. Celle de tous ces Français qui portent sincèrement l’amour du Maroc dans leur cœur. Qu’ils soient parmi l’élite française ayant été ou étant encore au pouvoir ; parmi les célébrités du monde des arts, de la Culture, des médias (si si, il y en a) ; ou encore parmi les citoyens français qui résident au Maroc (retraités, expatriés…) que l’on entend bien défendre le pays et que l’on sait sincères ; ou tout simplement ceux qui, par millions, font le choix de passer leurs vacances chez nous et qui se comptent par millions… Tous ceux-là méritent bien qu’on leur rende «la pareille» de l’affection et du respect qu’ils nous témoignent. Ils savent nos forces et nos faiblesses. Nous savons les leurs. Mais nous nous respectons.  Le respect est la base de toute relation durable. 

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Certes, la France a exercé un Protectorat sur le Maroc. C’est l’Histoire, mais c’est –précisément- de l’histoire ancienne (ici, histoire avec h minuscule). Les Américains ne sont-ils pas nés de la colonisation britannique ? Au 21ème siècle, il n’est pas permis de se fossiliser dans «le mémoriel» ! Toutes les nations ont le droit –voire le devoir- de s’émanciper. 

Les Français intelligents ont bien compris que le Maroc d’hier n’est pas le Maroc d’aujourd’hui. 

L’émancipation a commencé sous le règne de Feu SM Hassan II. On ne peut oublier cela. On le voudrait qu’on nous rafraichirait la mémoire en nous rappelant juste une ou deux réactions françaises à cette volonté d’émancipation. Des réactions qui avaient clairement pour objectif d’humilier ou de punir le Maroc. Par exemple, les brûlots d’alors tel «Notre ami le Roi», ou les suites du Sommet franco-africain de la Baule, ou encore les positions pro-Polisario de Danielle Miterrand, 1ère Dame de l’époque (Eh oui, le Roi et le Sahara, les mêmes moyens par lesquels on cherche toujours à tordre le bras au Maroc !).  

Cette émancipation ne s’est pas seulement poursuivie sous l’ère Mohammed VI, elle s’est spectaculairement accélérée. Au point de devenir un sujet d’inquiétude pour bien des pays voisins. Ne parlons même pas du voisin de l’Est, qui fait une fixation obsessionnelle (et le pléonasme reste faible) sur le Maroc depuis un demi-siècle, mais des autres pourtant classés parmi les grandes Puissances… La France, l’Espagne, l’Allemagne… Comment oublier tous ces Rapports de leurs services qui, non seulement se sont alarmés de la montée exponentielle du Maroc, mais ont exprimé une claire volonté de la «casser» ?

En ce qui concerne l’Espagne et l’Allemagne, la page est tournée aujourd’hui. Du moins avec les Gouvernements actuels (avec les Gouvernements élus, rien n’est jamais acquis, comme dirait le poète). 

Pour ce qui est de la France, nous ne pouvons que le constater –tous autant que nous sommes- depuis au moins deux ans ses relations avec le Maroc partent en vrille.  

Et nous en sommes à présent à voir en la France, celle que nous aimons et l’autre…

Celle que nous aimons, nous l’aimerons toujours, pour sa grandeur, sa culture, ses poètes… On ne peut oublier ni Molière, ni Racine, ni Zola, ni Piaf (juste quelques noms au hasard)… Ni Louis XIV auquel notre Roi Moulay Ismaïl a demandé la main de sa fille…    

L’autre France, c’est celle que nous avons vue sortir son artillerie lourde contre le Maroc. D’abord,  avec l’affaire Pegasus, qui a constitué un point de rupture dans les relations franco-marocaines. Voir cette cabale contre le Maroc, menée par le pôle public tous médias de l’Etat confondus ; et le Président Macron s’impliquer personnellement en réunissant un Conseil de guerre sur la question, sans aucune démarche préalable -diplomatique ou autre- auprès du pays accusé, comme l’aurait dicté la supposée qualité des relations entre les deux Etats, a eu un effet infiniment plus grave sur les relations maroco-françaises que ne le réalise l’Etat français. Au Maroc, le doute s’est insinué dans les esprits… Cette cabale, était-ce pour casser l’émancipation accélérée du Maroc et le punir de son Soft Power en Afrique ? Etait-ce une cabale d’Etat, des «Gorges profondes», ou du Président Macron personnellement ? Pour le Maroc, l’épisode de la résolution du Parlement européen sur les droits de l’Homme, à l’occasion de laquelle tous les eurodéputés du parti du Président Macron ont voté contre le Maroc, n’a plus laissé de doutes… Installant la rupture dans la durée.

La question du Sahara est de la plus haute importance, certes. C’est la cause nationale du pays, qui a trait à son intégrité territoriale. Mais le Maroc et les Marocains ont d’autres lignes rouges: le respect de leur pays, le respect de leur souveraineté, le respect de leur Roi. 

Aucun de ces fondamentaux n’a été considéré dans cette sidérante campagne médiatique française orchestrée contre le Maroc au moment où, meurtris, sous le choc d’un séisme d’une violence jamais vue dans le pays, sidérés devant les centaines de villages rasés et les milliers de morts et de blessés (2.946 morts et 5.674 blessés, selon le dernier bilan provisoire), les Marocains étaient en droit de voir leur deuil respecté.

Rien n’a été respecté. Ni le pays, ni ses symboles, ni ses morts, ni son deuil, ni sa pleine souveraineté à gérer sa tragédie comme il le juge bon.

Le Maroc n’a pas fait appel à la France, mais à l’Espagne. L’artillerie lourde a donc été ressortie. Et les médias français –dont ceux du pôle public- ne se sont plus fixés de limites. Instrumentalisation de la détresse des survivants, déploiements d’arguments fallacieux, attaques contre le Roi… N’est-ce pas le Président Mitterrand qui, à propos de la meute médiatique précédant le suicide de son 1er ministre (Pierre Bérégovoy), parlait d’«honneur d’un homme livré aux chiens» ?

Les morts, la région dévastée, le deuil de tout un pays, la tragédie dans son ensemble, ne pesaient plus autant que la question qui revenait en boucle: pourquoi il n’a pas été fait appel à la France ? Et ce, alors que plus de 70 pays ont proposé leur aide et que si seuls 4 d’entre eux ont été invités à rejoindre les équipes nationales de secours par souci de non-encombrement, les ONG des autres pays étaient bien présentes, y compris celles de la France.

Voilà l’autre France, celle qui s’éloigne peu à peu de tous ceux qui lui étaient proches. 

Bahia Amrani

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