Les forêts de Midelt, dans le moyen atlas, s’étendent sur des milliers d’hectares. Ces forêts, connues pour leurs arbres de cèdre, sont censées être protégées mais l’exploitation forestière illégale les tue à petit feu. Depuis quelques semaines, la colère gronde contre une mafia qui sévit dans ces forêts. Plus que jamais, il faut agir. Le Reporter a enquêté sur place.
État d’alerte dans les zones forestières de la commune d’Anemzy à Midelt dans le moyen Atlas. Une semaine après notre enquête sur l’abattage illégal du cèdre dans les forêts du moyen Atlas, des commissions d’enquête des Eaux et Forêts ont débarqué dans les forêts d’Anemzy, où la mafia du bois a provoqué une catastrophe écologique.
Après plusieurs mois d’attente, de sit-in et de pétitions adressées aux responsables, ces commissions d’inspection ont finalement été diligentées dans ces forêts pour cerner l’étendue de cette catastrophe écologique provoquée par des braconniers qui agissent impunément, de jour comme de nuit, dans ces forêts du cèdre, apprend-on de sources locales.
Selon les mêmes sources, une commission provinciale s’est déplacée vendredi 24 mars 2023 dans la forêt d’Anemzy. La commission, qui devait normalement inspecter 7 lieux, en a vu seulement deux: Khibrou et Sloul. Les enquêteurs des Eaux et forêts ont fait des ratissages de ces deux lieux, cherché des traces de coupe, compté le nombre de souche de coupes, etc.
Leur constat pour le moins accablant a confirmé les accusations des habitants d’Anemzy qui pointent une mafia qui coupe clandestinement le cèdre. La commission, qui a en effet trouvé des traces de coupe récente, a constaté le massacre de plus de100 arbres avec une moyenne de 100 ans d’âge pour chaque cèdre, précisent nos sources.
Jeudi 30 mars 2023, une deuxième commission, régionale cette fois-ci, s’est rendue dans la zone forestière de Targuiste. La commission, constituée de la direction régionale des eaux et forêts à Er-Rachidia et de la direction provinciale des eaux et forêts, a inspecté un seul lieu : Jrou. Son constat serait le même : Un massacre d’un nombre important de cèdres, soufflent nos sources, qui ne donnent pas de détails.
Mais la colère est palpable parmi les riverains de ces forêts. Les habitants veulent que les commissions se rendent dans les autres lieux qu’ils ont évoqués dans leur lettre. Selon Said Oukadi, élu de la Commune Anemzy, «La commission n’a pas tout vu. La situation est aussi catastrophique dans d’autres lieux, à savoir notamment Zrou, Boulouh, Bouyarghi, Hayine, Fitou, où l’abattage illégal des cèdres s’intensifie».
Qu’à cela ne tienne. Said Oukadi n’a pas mâché ses mots en s’attaquant aux braconniers de bois et aux passe-droits qui auraient entaché le travail de certains responsables locaux des eaux et forêts. Il n’a pas hésité à nommer une personne qui serait impliquée dans l’exploitation illégale de ces forêts. M.K, un cavalier des eaux et forêts est accusé d’être le responsable principal de cette situation ! Et ce, principalement après que des élus aient saisi –via une lettre- Abderrahim Houmi, DG de l’Agence nationale des eaux et forêts et le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki au sujet de l’exploitation illégale dans les forêts d’Anemzy durant une période précise, celle qui coïncide avec la prise de commande par le cavalier en question. Le Reporter détient copie de cette lettre signée par dix élus de la commune rurale d’Anemzy.
Il y a quelques semaines, ces mêmes élus et plusieurs habitants ont organisé un sit-in devant l’Agence des Eaux et Forêts à Rabat pour dénoncer la mafia du bois et arrêter l’hémorragie dans les forêts de notre région, souligne l’élu Said Oukadi, un des signataires de la lettre. Il dit qu’il fait depuis l’objet de menaces sur son téléphone portable. Des menaces réitérées vendredi 24 mars après que les enquêteurs des Eaux et forêts ont finalisé leur mission d’inspection à Khibrou et Sloul.
L’inspection des deux commissions d’enquête serait-elle un pas dans la bonne direction ? Des activistes soulignent sous anonymat que les commissions qui avaient inspecté d’autres lieux n’ont pas aidé à arrêter la destruction de la forêt dans la région. C’est même le contraire qui arrive, disent-ils. Leurs preuves : des vidéos, des photos, etc.
La traque sans fin de la mafia du bois
Une parcelle entièrement rasée, des traces de coupes, des troncs déjà abattus et des arbres à peine coupés par des pilleurs de bois, voilà une zone dans une forêt au centre du Moyen Atlas qui se fait défoncer pour couper toujours plus de cèdre.
Un simple téléphone portable suffit pour constater l’ampleur de la destruction dans nos forêts où se déroulent de sombres affaires, insiste un activiste.
La règle de précaution, la même chaque fois qu’il s’agit de réaliser une vidéo, éteindre la sonnerie de son téléphone. «J’essaie autant que possible de traquer cette mafia du bois en me rendant sur les lieux des crimes pour réaliser des vidéos d’exploitation forestière clandestine pour réunir plus de preuves contre cette mafia», dit encore cet activiste.
Des vidéos, qui documentent les abattages illégaux, prennent des bêtes, des camionnettes et des transits transportant le bois coupé clandestinement, ont été réalisées dans ces forêts par des activistes et des habitants qui luttent contre ce fléau. Nous en avons visionné plusieurs d’entre elles que les activistes postent souvent sur les réseaux sociaux. Le constat est en effet déplorable !
«Il y a eu énormément de pression sur les forêts de cette région et les conséquences de l’abattage incontrôlé du cèdre sont graves pour le sol, la biodiversité et l’équilibre écologique de la région qui abrite la principale réserve d’eau du Maroc», affirme Abdelmalek Bamouh, un militant écologique à Tounfit.
«Certaines espèces d’oiseaux ont quasiment disparu dans la région», at-il alerté. Il pointe du doigt le rôle des «mafias des coupeurs de bois» dans la disparition de certaines espèces d’animaux et de plantes.
Comment en est-on arrivé là ? Nous nous sommes déplacés dans ces forêts, Jeudi 16 mars, pour rencontrer des gens qui subissent ce qui est en train de se passer dans ces zones forestières. Mais très vite nos activistes dans la région nous ont assuré que l’information a déjà circulé sur notre mission dans ces forêts. «Votre enquête semble déjà inquiéter certains d’entre ces groupes organisés. Ils ont d’ailleurs commencé à prévenir tout ceux qui vont vous aider», assurent les mêmes sources.
Celles-ci ont affirmé que ces groupes sont prêts à tout pour défendre leur commerce clandestin dans ces forêts devenues le théâtre de confrontation entre des trafiquants de bois et ceux qui veulent protéger la forêt. Il y a quelques années, dit-il, des gardes forestiers étaient «expédiés» à l’hôpital par des mafias organisées qui ne pardonnent pas. Alors qu’ils tentaient d’intercepter un camion chargé de madriers de bois coupé clandestinement dans la forêt de Boumia, deux gardes forestiers ont été gravement blessés dans un accident, soulignent les mêmes sources.
Ce n’est pas le premier épisode du genre dans ces zones forestières où des activistes sont également menacés de nombreuses fois. Nous avons pu nous entretenir avec un de ces activistes qui dit avoir fait l’objet d’intimidations et de harcèlement. La raison : «Je postais des vidéos et des photos à propos de ces opérations d’exploitation forestière dans la forêt de la région», explique notre activiste.
Massacre écologique !
Combien de mètres cubes de bois seraient-ils extraits de ces forêts, chaque année ? Combien de cèdres massacrés ? Combien de PV dressés dans ces zones forestières ? Selon des sources à l’Administration, en 2022, 375 procès-verbaux ont été dressés contre des braconniers dans les zones forestières de Tounfit et Agadim. Moins de dix seulement ont abouti à des condamnations de versement d’amendes. Les PV dressés font état de 155 arbres coupés clandestinement, soit un volume entre 200 et 450 mètres cubes.
Un chiffre qui ne dit pas tout sur cette activité illégale, commentent des sources locales concordantes. Celles-ci évoquent un carnage écologique ! «Il n’y a qu’à se rendre dans certains points spécifiques où les pilleurs coupent chaque jour des cèdres ! C’est un massacre écologique». «Un tour du côté d’Anemzy vous renseignera sur ce massacre, précisément dans les forêts situées à Anemzy, Anefgou, Targuiste, Aghedou, Tameddoute», nous affirme Hamou Oukadi, un habitant d’Anemzy de 75 ans.
Dans la forêt d’Anemzy, au centre du Moyen-Atlas, dans la province de Midelt, les plus vieux spécimens de Cedrus marocains couvraient autrefois toute la montagne, mais aujourd’hui près de 40% de cette forêt a subi la destruction, se désole Hamou Oukadi, ancien élu de la commune Anemzy. Les coupes de bois continuent d’y être pratiquées clandestinement. «Si on ne fait rien pour arrêter ce carnage, aucun arbre ne résistera à l’appétit des coupeurs de bois. Ces forets vont disparaitre», déplore-t-il.
Hamou Oukadi ne mâche pas ses mots. «Chaque jour, près de 200 bêtes entrent dans la forêt, prêtes à transporter le bois. Entre 50 et 60 cèdres centenaires sont coupés en 2 ou 3 minutes. C’est scandaleux. A ce rythme, il ne restera rien dans les dix prochaines années si des mesures ne sont pas prises et très vite», affirme encore cet habitant.
Des élus sur la trace des coupeurs…
Tant qu’il y aura du bois et pas de condamnations, les braconniers continueront de couper, tant il y a d’argent en jeu, lancent des élus d’Anemzy. Targuiste, Taghroudt Nghazi, Sidi Yahya Youssef, etc. Autant de zones forestières où la mafia du bois sévit de jour comme de nuit, dénoncent les mêmes élus.
Ils tentent d’ailleurs d’aller dans ces zones pour documenter ce qui s’y passent. La vidéo qu’ils ont filmée dans la zone dite Taghroudt Nghazi, pour ne citer que cette forêt, montre une scène désolante. Un vrai carnage, et le mot n’est pas fort ! Des surfaces complètement rasées, des arbres défoncés, des troncs d’arbres…etc. On y voit même le matériel des braconniers laissés dans la forêt, constate Le Reporter sur cette vidéo.
«Les pilleurs en ont terminé avec le cèdre sec. Ils passent maintenant au cèdre mûr», dénonce un élu qui apparait dans cette vidéo réalisée, il y a quelques semaines à Taghroudt Nghazi.
C’est une mafia bien organisée. Des coupeurs aux menuiseries en passant par les transporteurs de bois, voire même certains agents forestiers et des notables de la région, affirment ceux qui défendent la forêt, le bois de cèdre est pillé pour nourrir un trafic illicite de plus en plus croissant.
Chaque jour des dizaines d’arbres sont coupés illégalement à la scie. Les trafiquants agissent souvent la nuit et certains employés de l’administration des Eaux et Forêts seraient trop impliqués dans ce carnage du cèdre, déclare un élu. D’ailleurs, dit-il, le bruit de l’abattage se fait entendre à des kilomètres et on ne peut pas ne pas l’entendre. Comment peut-on rester passif devant un véritable massacre qui s’annonce contre la forêt pourtant protégée par la loi?, s’interroge-t-il.
Un groupe de plus de 150 individus rentre chaque jour dans la forêt et en sort avec du bois que ces individus coupent clandestinement et qu’ils transportent à dos d’âne. «Ces gens sont tous de la région et s’adonnent à cette activité illégale, car ils n’ont rien et n’ont aucun revenu. Mais pour couper un cèdre, ils doivent donner des pots-de-vin au forestier», témoigne un habitant.
Transporté à dos d’âne ou en camionnettes, ce bois, coupé en madriers de 2 à 2,40 mètres, est vendu à Imilchil, Aghbala, Tinghir ou encore à Ait Hdidou. Ce bois est acheminé, en plein jour, vers des dépôts où il est caché avant d’être transporté par des pickups, des transits ou des fourgons vers d’autres destinations. Parfois, les braconniers du bois disposent même d’autorisations légales de coupe, selon un élu à Anemzy.
Qui est derrière cette exploitation illégale du cèdre dans cette Commune? Les élus mettent en cause le cavalier M.K dans la destruction de leur forêt. Le 27 février 2023, ils déposent une plainte contre lui auprès du directeur régional des Eaux et Forêt à Er-Rachidia. Ce cavalier, disent-ils dans leur lettre dont nous détenons copie, est aidé par un groupe organisé de plus de 150 individus.
«Chaque membre de ce groupe a une bête qu’il utilise pour transporter le bois de cèdre mûr coupé quotidiennement dans la forêt», précisent les élus, ajoutant que «chaque individu doit payer au cavalier 100 dirhams! Soit 15.000 dirhams par mois». Au total, cette activité illégale rapporte au cavalier 20 à 15 millions de centimes chaque mois, est-il souligné. Un vrai business !
La Coopérative d’Anemzy pointée du doigt !
Parmi les principales critiques, les 130 élus membres de la commune d’Anemzy citent également la vente d’une parcelle sans passer par l’appel d’offres et en bradant les prix. Cette parcelle se trouvant dans la zone dite Moaskar dans la forêt de Targuiste aurait été cédée au profit d’un promoteur privé. Elle fait l’objet d’un contrat entre les Eaux et forêts et la Coopérative de Anemzy.
Un membre de la Commune souligne que la passation du marché à l’entrepreneur a été faite en contrepartie d’un montant de 764.400 DH, ajoutant que le marché était limité à 117 ha. Mais dans la réalité, la superficie prise par le promoteur A.M dépasse de loin ce chiffre !, avancent les élus. Et ce n’est pas tout: «Il n’y a eu ni appel d’offre, ni cahier des charges, ni listes des soumissionnaires, ni PV», selon les élus, qui demandent une commission d’enquête à ce sujet.
Autre critique et non des moindres, selon nos sources à la Commune d’Anemzy, le promoteur en question n’a pas une scierie, n’est pas un exploitant forestier et ne dispose pas d’un dépôt pour faciliter au personnel forestier sa mission de contrôle. Ce qui fait dire à nos interlocuteurs que le promoteur privé n’avait pas le droit de soumissionner à ce marché.
On conteste aussi l’accord conclu entre la Coopérative et le promoteur en question. Dans cet accord, signé le 6 octobre 2022 et dont Le Reporter détient copie, il est souligné que conformément à la vente aux enchères publique fixée pour le 2 janvier 2023, le marché a été adjugé au promoteur A.M ! Le document poursuit: «Par cet accord, la Coopérative «Maskite» a vendu à la deuxième partie (A.M) la parcelle (117 ha) qui fait l’objet d’un accord avec les Eaux et Forêts…». Pour toutes ces raisons, nos sources estiment que la vente de la coupe de la parcelle en question serait illégale !
Du côté des habitants riverains, on ne décolère pas. «L’exploitation industrielle du cèdre ne profite pas aux populations de ces zones forestières. Ce sont plutôt des lobbies, qui proposent des prix dérisoires, qui en bénéficient», s’insurge un habitant à Anemzy.
A Tanourdy, les braconniers ne chôment pas non plus !
Pas loin de la commune Anemzy, une autre commune où des activistes et des habitants ont aussi brisé le silence qui règne sur ce dossier: Tanourdy à Boumia, 35 km de Midelt. Nous nous y sommes rendus ce jeudi 16 mars. La situation y est aussi préoccupante, affirment plusieurs sources locales. Les braconniers ne chôment pas ici non plus, dit-on. «Ils frappent même pendant la période de chute de neige.
D’ailleurs, en février 2023, alors que la région connait la chute d’une neige abondante, les pilleurs ont coupé 5 cèdres en seulement trois jours», affirme un habitant à Tanourdy. Il suffit de pénétrer dans la cédraie pour constater les dégâts que le tronçonnage a causés dans la forêt de Tanourdy, affirme un activiste.
Transporter le bois coupé illégalement depuis la forêt jusqu’aux scieries ou menuiseries d’ailleurs est une opération onéreuse, et ne pourrait se faire à l’insu des autorités, commente Kabir Kacha, SG de l’AMDH à Khénifra.
Selon ce dernier, «la corruption est la cause de tous les maux. Elle fait perdre à ces zones forestières, leur seule richesse : le cèdre». Ce militant associatif connait bien ce dossier de l’exploitation illégale des ressources forestières et de la mafia du cèdre pour avoir été responsable de l’AMDH à Boumia, jusqu’en 2014. «Le sujet était déjà très inquiétant. On constatait que la destruction de la forêt se faisait au vu et au su de tous. Mais personne n’intervenait pour protéger la forêt», dit-il.
Face à une «mafia du cèdre organisée et très active», la riposte des militants de l’Association, de quelques habitants et des activistes s’organisait. Sit-in, communiqués, plaintes, photos, vidéos, bref on tentait, via toutes les méthodes, de documenter tous les abattages illégaux dans ces zones forestières, explique Kabir Kacha. On avait suivi les activités de ces pilleurs qui sévissaient dans la nuit. On voyait des opérations douteuses, des voitures et des bêtes qui transportaient le bois coupé illégalement dans la forêt.
«Le problème, c’est que cela implique aussi des forestiers qui collectent les pots-de-vin. Mais au lieu de rendre des comptes, ils vont être déchargés de leurs fonctions et mutés dans d’autres zones forestières comme s’ils n’ont rien fait», dit-il.
Alors que nous enquêtons sur l’exploitation illégale du cèdre à Tanourdy, l’histoire du technicien forestier Y.Z, qui serait fortement impliqué dans ce trafic illégal, était encore sur toutes les lèvres. «Ce technicien s’est fait une grande richesse grâce à l’exploitation illégale du cèdre de ces zones forestières. Il a été muté dans une autre zone sans qu’il ait rendu de comptes», déplore Kacha.
Ici, le sujet des Coopératives fait aussi polémique. «Ce ne sont pas les bûcherons qui profitent de ces Coopératives. Ce sont surtout les présidents qui en bénéficient. Certains sont devenus très riches», tient à signaler Kabir Kacha, que nous avons rencontré à Boumia.
Chaque année, les Eaux et les Forêts ouvrent des enchères publiques pour l’exploitation de la forêt. Tanourdy, également concernée, est définie dans un plan d’aménagement forestier établi pour une période de 20 à 25 ans. Le prix payé par les adjudicateurs de l’appel d’offres public, varie en fonction du prix du bois exploité. 458 d’hectares de cèdres, qui font l’objet d’un accord avec les Eaux et Forêts, sont aménagés pour l’exploitation actuellement à Tanourdy.
Ce jeudi 16 mars, les équipes des Eaux et Forêts, en présence de la Commune et des bûcherons, étaient dans la forêt pour le marquage des cèdres qui vont être coupés dans le cadre d’un marché public. «Nous demandons que ce marché ne soit pas lancé jusqu’à ce qu’une commission vienne pour s’assurer que les 458 ha sont bien protégés. On doit procéder à un contrôle chaque année. Cette parcelle doit être protégée jusqu’à la vente aux enchères. La Coopérative doit recruter des agents de sécurité pour assurer la protection cette parcelle», souligne Mohamed Haddaoui, un habitant de Tanourdy. Celui-ci ne décolère pas.
«Il y a deux ans, la passation du marché à un promoteur privé à Khénifra a été faite en contrepartie d’un montant de un milliard de centimes», dit-il, ajoutant que le président de la Coopérative n’avait pas respecté la procédure légale de la vente du cèdre. «C’est le promoteur, lui-même, qui a exécuté la coupe du cèdre en forêt et non pas les 200 bûcherons membres de la Coopérative», explique-t-il. Et pas seulement ! «Le bois a été vendu à l’entrepreneur avant même qu’il y ait l’enchère», dénonce Mohamed Haddaoui. Celui-ci avait demandé, il y a deux ans, à enquêter sur ce marché ainsi que sur les crimes environnementaux dans la forêt de Tanourdy. Selon ses dires, jusqu’à présent, aucune commission n’est venue pour inspecter les lieux !
Contactée par Le Reporter, l’Agence nationale des Eaux et Forêts n’a pas donné suite à notre demande d’entretien.