Comme largement anticipé, le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a statué, lors de sa 4ème et dernière réunion trimestrielle de cette année, de resserrer sa politique monétaire, en relevant le taux directeur à 2,50%, une décision qui doit permettre de freiner l’inflation, dont la persistance est encore prévue pour une période plus longue que celle estimée en mois de septembre.
En effet, cette décision n’a pas surpris les professionnels et experts du domaine qui s’accordaient tous sur un nouveau tour de vis de la Banque Centrale, eu égard au contexte actuel marqué notamment par les exigences de la relance post-Covid, les incertitudes qui entourent la reprise en 2023, ainsi que par la persistance des tensions inflationnistes, dues principalement à la forte hausse des prix des matières premières et énergétiques au niveau international et sa transmission vers les produits locaux.
A travers cette décision, BAM vise ainsi à prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et favoriser le retour de l’inflation à des taux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix.
Internationalisation et diffusion des pressions inflationnistes
Poursuivant sa hausse, l’inflation a atteint 8,1% en octobre dernier, une évolution qui recouvre principalement une accélération de 7,5% à 7,6% de sa composante sous-jacente, une accélération de 15,8% à 16,8% du rythme d’évolution des prix des produits alimentaires à prix volatiles, ainsi qu’une décélération de 52,3% à 40% du rythme de progression des prix des carburants et lubrifiants.
Dans ce contexte, le Wali de BAM, Abdellatif Jouahri, a souligné, lors d’un point de presse tenu à l’issue de la réunion du Conseil, que la diffusion des pressions inflationnistes au niveau des produits non échangeables s’est poursuivie durant les derniers mois, mettant en exergue concomitamment le rythme élevé d’évolution de l’inflation des produits échangeables impactée, à son tour, par le niveau élevé des prix des matières premières et la dépréciation du dirham vis-à-vis du dollar.
Les projections de BAM tablent ainsi sur une inflation de 6,6% en 2022, avec un ralentissement en 2023, plus lent que prévu en septembre, qui doit s’établir à 3,9%, avant d’enregistrer un rebond à 4,2% en 2024, reflétant une « internationalisation » des pression inflationnistes.
Environnement externe défavorable
La spirale inflationniste actuelle continue d’être alimentée par les implications du conflit en Ukraine, la crise énergétique, la fragmentation géopolitique et économique, ainsi que les effets de la crise sanitaire.
Dans ce sillage, M. Jouahri a mis en avant la poursuite de la dégradation des perspectives économiques mondiales, qui se manifeste principalement dans un ralentissement de la croissance économique de 6,1 % en 2021 à 3,1% en 2022 puis à 2,2% en 2023.
Il a également fait état d’un niveau élevé des prix des produits énergétiques, en dépit d’un repli enregistré à moyen terme, auquel s’ajoutent les niveaux exceptionnels d’inflation en 2022 qui ne devrait baisser que graduellement.
Les banques centrales poursuivent dans ce sillage le resserrement de leurs politiques monétaires, malgré la détérioration des perspectives économiques, mettant en relief leur priorité majeure, celle de la préservation de la stabilité des prix et le retour à leurs objectifs d’inflation.