Selon El Houssine El Yamani, président du Front National pour la Sauvegarde de la raffinerie Samir (FNSS), la raffinerie de La Samir serait capable de reprendre son activité dans un délai de six mois. Son redémarrage nécessiterait quelque 2 milliards de dirhams.
Il est temps que l’exécutif passe à l’action surtout lorsqu’on sait que la crise de l’Ukraine pourrait durer encore plusieurs années, comme le souligne El Houssine El Yamani, président du Front National pour la Sauvegarde de la raffinerie Samir (FNSS). Le redémarrage de la Samir, dit-il, est nécessaire pour réduire la marge du raffinage et baisser les prix à la hausse des hydrocarbures. D’ailleurs, le président du FNSS a indiqué dans un entretien accordé cette semaine à Le Reporter que la reprise de l’activité de la Samir permettra d’économiser 30 milliards de dirhams (en devises) que le Maroc perd en achetant le pétrole raffiné sur le marché international de Rotterdam.
Il affirme aussi que dans le contexte actuel, le retour à la politique du raffinage va contribuer à faire diminuer les prix de vente du gasoil à la pompe de 1,5 à 2 dirhams. «C’est la seule solution pour réduire la facture des produits pétroliers et préserver par conséquent les bienfaits économiques et sociaux de l’industrie pétrolière dans notre pays», assure H. El Yamani.
Le Maroc, poursuit-il, gagnera beaucoup en raffinant le pétrole.
El Houssine El Yamani, également secrétaire général du Syndicat national des industries de pétrole (CDT), ne manque pas d’arguments. Il indique que le pétrole raffiné est actuellement acheté sur le marché international à un prix moyen de 9 dirhams. «Nous achetons le produit raffiné à 9 dirhams. C’est le prix d’achat avant même que le produit ne soit transporté à bord de bateaux et ramené au Maroc», explique-t-il. Il détaille: «Dans ces 9 dirhams, il y a le pétrole brut qui coûte 6 dirhams, s’y ajoutent le coût du raffinage et les frais de la spéculation sur le raffinage».
Il précise dans ce sens, que depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, la marge de raffinage est passée à 3 ou 4 dirhams pour chaque litre de pétrole. C’est dire le coût énorme du raffinage à l’étranger.
Il y a encore quelques années, rappelle El Houssine El Yamani, le raffinage se faisait à la raffinerie de la Samir. «L’achat du pétrole brut au lieu des produits raffinés nous permettait de baisser significativement la marge brute de raffinage. Puisque le produit raffiné au Maroc c’est la matière brute majorée de 30 à 50 centimes».
Mais aujourd’hui, poursuit-il, l’achat du pétrole raffiné explose. «La marge de raffinage peut arriver jusqu’à 4 dirhams le litre. Et c’est ce raffinage du pétrole à l’étranger qui explique la hausse en continu des prix à 15 voire à 16 dirhams», précise-t-il. Si le litre de diesel est à 14 dirhams, par exemple, c’est que le surplus est de 4 dirhams le litre !
Selon le Secrétaire général du Syndicat national des industries de pétrole, ce problème de la flambée des marges du raffinage s’est particulièrement accentué depuis la fin de l’année 2021. «Si on se remet donc au raffinage chez nous, on bénéficiera de ces 4 dirhams (marge de raffinage pour chaque litre). Sans compter la valeur ajoutée de la raffinerie sur le plan social et économique», tient à souligner El Houssine El Yamani.
Mais comment pourrait-on sauver La Samir ? Alors qu’il y aurait un certain nombre de difficultés difficiles à régler dans l’immédiat, comme le soutiennent certaines voix. Sans parler de l’endettement de la raffinerie qui s’élèverait à 40 milliards de dirhams, selon ces mêmes voix.
Le SG du Syndicat national des industries de pétrole se veut, quant à lui, optimiste. «La Samir est capable de faire son retour dans un délai de six mois», affirme-t-il. Le redémarrage de la raffinerie nécessitera quelque 2 milliards de dirhams, conclut El Yamani, qui réagit aux voix qui soutiennent que la relance de La Samir aurait besoin d’un grand budget pour la mise à niveau de ses équipements.
Naîma Cherii
