Les affrontements entre Ultras dans les stades de foot s’étendent aux quartiers : Un phénomène qui inquiète!

Décidément, ça ne se passe plus seulement dans les stades de football marocains. Un vent de violence s’installe également dans certains quartiers de la capitale économique. Les populations de ces quartiers ont constaté qu’il y a de nombreuses violences avec le retour du public aux stades qui sont restés fermés pendant près de deux ans à cause du coronavirus.
Virulents échanges entre bandes rivales de supporters, détérioration de biens publics, incidents où des jets de pierre ou de fumigènes entrainant des bagarres et des mouvements de foule proche des habitations des gens, etc. Il n’est pas rare en effet de voir des groupes d’ultras semer la panique dans les quartiers casablancais. Plusieurs personnes ont fait part à Le Reporter de leur fort mécontentement, demandant aux autorités sécuritaires d’agir fermement contre des groupes des Ultras qui, disent-ils, prennent part à ces actes de violence.

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«Les affrontements entre supporters se poursuivent jusque dans nos quartiers où le mouvement Ultra est davantage visible», avance Mounir, un jeune Casablancais.
«Un groupe de jeunes a foutu, il y a quelques semaines, un chaos sans nom dans le quartier. Des jeunes gens violents ont envoyé des fumigènes», a lancé une femme, qui a affirmé que ce genre de «déchaînement de violences» oppose fréquemment des jeunes gens et devient habituel dans son quartier.

«J’ai entendu mon fils me dire que c’était un groupe d’Ultra qui avait attaqué les supporters d’un autre groupe d’ultra casablancais», précise cette femme qui se dit inquiète de cette montée de violence. «Ces jeunes gens sèment la panique et la peur parmi les citoyens. Les autorités sécuritaires vont devoir trouver une solution, avant que ces débordements ne redeviennent habituels», conclut-elle.

Un phénomène qui fait craindre le pire

Au delà de ce constat, certaines voix refusent de pointer tous les supporters. «L’action d’une poignée d’inconscients ne doit pas mettre en cause tous les supporteurs. Il ne faut pas les sanctionner tous parce qu’il y a des incidents de violence dans certaines zones qui sont commis par quelques personnes», estiment les mêmes voix.

Mais le phénomène inquiète et fait même craindre le pire, selon les dires de certains journalistes spécialisés dans le sport. À raison, une série d’affrontements, notamment entre les deux groupes de supporters des deux clubs rivaux de Casablanca, a eu lieu dans plusieurs zones de la métropole.  «Lors de ces affrontements, les groupes ultras utilisent des fusées ou des artifices de toutes nature, ce qui constitue un danger pour les gens», s’inquiètent nos journalistes.

Ces incidents causent parfois des blessés, de nombreux dégâts matériels, des dizaines de voitures vandalisées, de même que de nombreuses boutiques saccagées. On se souvient encore de la triste soirée du dimanche 28 novembre 2021 qui s’ajoute à une longue série noire de débordements en dehors du stade. Dar Bouazza a été le théâtre d’affrontements entre les Ultras des deux clubs rivaux qui ont occasionné plusieurs blessés dans les deux fractions et bloqué la circulation sur la route côtière menant à cette commune située dans la province de Nouaceur. Ces violences ont également causé plusieurs blessés chez les gendarmes diligentés sur place pour contenir la situation, selon la Gendarmerie royale. Les images et vidéos véhiculées sur la toile ont montré clairement que la plupart des supporters ont été transportés dans des fourgons et autres moyens de transport en commun avec l’objectif prémédité de commettre leur délit.

Et la liste est longue. Hay Mohammedi, Moulay Rachid, Had Soualem, Sidi Bernoussi, …etc. Ces quartiers et autres ont également été le théâtre d’autres affrontements qui ont connu l’implication des Ultras du Raja et du Wydad dans des échanges de violence par jets de pierres, de fumigène, mettant ainsi en danger la sécurité des personnes. Dans les communiqués publiés après ces incidents, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) avait annoncé l’arrestation de plusieurs suspects, dont des mineurs et la saisie d’une arme blanche, durant les opérations de sécurisation effectuées par la police dans les quartiers concernés.

Des scènes de ce genre sont habituelles depuis que les autorités ont décidé de priver les supporters des matchs de football en raison de la lutte contre la propagation du coronavirus. Mais alors que les stades ont été ouverts, en janvier 2022, après prés de deux ans de fermeture, les supporteurs se font toujours remarquer par leur indiscipline et leur violence notamment en dehors des tribunes. D’ailleurs, depuis le retour du public aux stades, les services d’ordre ont annoncé – dans des communiqués- avoir interpellé plusieurs personnes après des scènes de violence gravissimes commises par des Ultras dans certaines zones de la ville blanche.

En avril 2022, la police a procédé a l’arrestation d’une quinzaine de supporters impliqués dans débordements notamment dans les quartiers de Sidi Bernoussi, Attacharouk, Sidi Moumen, Hay Mohammedi et sidi Othmane. Ces suspects, qui appartiendraient à des factions de supporters de clubs de football, sont poursuivis, entre autres, pour violence, destruction des équipements publics, endommagement de véhicules privés, détention d’artifices, ou encore vols et entraves à la circulation,…etc., indique la DGSN dans ses communiqués, dont Le Reporter détient copie. Ces opérations policière ont permis de rétablir l’ordre public, précise la même source, notant que les mis en cause majeurs ont été placés en garde à vue, tandis que les mineurs ont été mis sous surveillance policière pour les besoins de l’enquête judiciaire, menée sous la supervision du parquet compétent afin d’élucider cette affaire.

Cibler les enfants…

Mais que se passe-t-il chez les supporteurs marocains? Comment expliquer cette montée des violences chez les Ultras? Certains supporters semblent avoir un besoin d’extériorisation qui dépasse largement les bornes, selon certaines voix, ajoutant que «malgré les arrestations et les condamnations, le hooliganisme continue à sévir dans nos quartiers».

Pour le sociologue, Abderrahim Bourkia sociologue, consultant en déviance et contextes sociaux, «C’est en quelques sorte une expression d’une certaine errance socioéconomique d’un nombre considérable de jeunes, issus des quartiers populaires et de familles défavorisées, qui sont en proie à de vives inquiétudes et aux problèmes sociaux actuels liés au chômage, à la pauvreté, à l’exclusion, au mépris, et à l’incompréhension», concède le sociologue. Ces jeunes, dit-il, «subissent une mauvaise influence et s’adonnent à de nouvelles pratiques d’échange social et à d’autres formes de communication». «La violence n’est que le reflet des maux qui rongent notre société depuis des années», estime A.Bourkia, également professeur à l’Institut des Sciences du Sport de l’Université Hassan 1 à Settat.

Comment changer les mentalités? Comment mettre un terme aux violences? Pour faire face aux incivilités, Noureddine Bachichi, le président de l’association «Al 3och Al Akhdar» (le nid vert) appelle à lancer une campagne contre les violences autour des terrains. « C’est une campagne de sensibilisation que l’on souhaite lancer dans les différentes villes du pays. On doit travailler surtout avec les enfants qui doivent être la cible de cette campagne», dit-il. Il faut le faire dés le plus jeune âge, insiste-t-il. « Je dis souvent que dans le football, ce sont les enfants qu’il faut cibler. L’éducation passe mieux de leurs côtés. Car, malheureusement, les principales raison de la violence de certains supporters ce sont d’abord les parents qui négligent l’éducation de leurs enfants dont ils ignorent tout. Depuis des années, on s’est aperçu que des enfants de moins de 12 ans font, seuls, des déplacements pour aller voir un match de leur club. Ce sont, hélas, «les enfants qui subissent les dégâts de cette éducation dont le niveau est parfois délaissé, regrette Noureddine Bachouchi. Avant de conclure : «Les stades accueillent tous les enfants des milieux sociaux. Ils peuvent voir plusieurs types de violence sur un terrain. Les violences verbales, par exemple, ces enfants peuvent entendre des insultes envers des adversaires ou vis à vis des arbitres. Ces enfants peuvent entendre des termes très violents alors qu’ils ont 10 ou 12 ans. Ces enfants, au fil des années, devient, par imitation, très violents».

Naîma Cherii

 

 

 

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