Quatre stratégies parallèles
- Lutte anti-Covid
- Nouveau Modèle de développement
- Filets sociaux
- Sahara, diplomatie et intégrité territoriale
2021 a été incontestablement l’année des grandes stratégies, au Maroc.
Quatre grandes stratégies ont été menées parallèlement. Elles le sont toujours, le seront en 2022, voire pendant quelques années encore, pour au moins 3 d’entre elles, les chantiers y afférents ne relevant pas du conjoncturel.
La 1ère stratégie a trait à la lutte contre la Pandémie Covid-19. C’est la seule qui tienne du conjoncturel. Du moins l’espère-t-on. La planète entière attend le clap de fin de ce funeste feuilleton de variants Covid. Deux années de crise sanitaire, c’est déjà plus que l’économie mondiale ne peut supporter. A fortiori, les économies nationales et celle du Maroc en particulier.
Une limite inattendue, la solution aussi ?
La stratégie du Maroc pour faire face à cette pandémie inédite a été remarquable… Et, d’ailleurs remarquée de par le monde.
La gestion de cette phase critique, prise personnellement en mains par le Roi, a été une succession d’initiatives proactives et intelligentes, qui ont fait du Maroc l’un des rares pays à avoir su maîtriser cette crise et en limiter les redoutables impacts. Orienter les usines vers la fabrication de masques sanitaires au point d’en exporter, assurer au pays son approvisionnement en vaccin et même sa future production, organiser les campagnes de vaccination suivant une méthodologie unique au monde, mettre sur pied un Comité de veille économique constitué des principaux ministères concernés par la gestion de la crise et autres représentants des secteurs vitaux, créer un Fonds spécial Covid permettant la résilience de l’économie et sa relance, etc. etc. Cette stratégie, qui se poursuit avec la même anticipation, fermeté et efficience, ne connaît qu’une limite. Celle des réfractaires au vaccin. Avec plus de 24 millions et demi de primo-vaccinés et quelque 23 millions ayant reçu la 2ème dose, il faut encore que les 5 millions de citoyens qu’il reste à vacciner, pour atteindre l’immunité collective, se décident à aller aux centres où ils pourront recevoir -gratuitement- un vaccin de leur choix (Sinopharm, Astra Zeneca, Pfizer, Johnson&Johnson). Idem pour ceux qui boudent la 3ème dose (seuls quelque 2 millions et demi ont opté pour ce rappel). Face à ces vaccino-sceptiques qui grippent l’engrenage pourtant bien huilé au départ, il reste un espoir. Celui que le variant Omicron à la contagiosité phénoménale finisse par assurer lui-même l’immunité collective…
Pari sur un aggiornamento
La seconde stratégie, qui aurait pu être la plus centrale si la vie humaine ne passait pas avant toute chose, c’est celle relative au Nouveau Modèle de développement. Tout est aujourd’hui connu de cette nouvelle feuille de route dont se dote le Maroc pour s’assurer une mise à niveau générale. Le pari sur cet aggiornamento est grand. Mais le Maroc a une Vision et s’est fixé un Cap, allant bien au-delà de 2022. Le chantier du nouveau modèle de développement s’étale sur plus d’une décennie (horizon 2035). La stratégie est minutieuse. Sa préparation l’a été. C’est le destin d’une Nation qui est en jeu. Reste l’implémentation. Comment, concrètement, mettre à niveau les secteurs de l’éducation, de la santé ? Comment renforcer l’économie, la rééquilibrer afin que la croissance cesse de dépendre des fluctuations pluviométriques ? (Nul ne l’ignore, la croissance au Maroc dépend du PIB agricole). Comment «accélérer l’accélération industrielle» ? Et comment ne pas laisser une partie de la population sur le bord du chemin ? Comment réduire les disparités et répondre aux attentes, en rationalisant le peu de moyens dont le pays dispose ?
Toutes les réponses sont dans la stratégie du nouveau modèle de développement. Cependant, de par son importance, cette dernière question qui concerne les disparités et attentes des couches sociales défavorisées fait l’objet, à elle seule d’une 3ème stratégie, celle des filets sociaux.
Et petite cerise sur le gâteau…
Le chantier du social, avait commencé à être mis à l’honneur avant la crise Covid, comme en témoignent ses nombreuses évocations dans les Discours Royaux précédant la pandémie. Mais c’est avec la Pandémie qu’une véritable stratégie sociale a vu le jour. Notamment avec l’immense chantier de la généralisation de la protection sociale. Lancée en 2021, pour une mise en application par étapes allant jusqu’en 2025, cette stratégie des filets sociaux qui devrait, à terme, profiter à 11 millions de citoyens parmi les catégories n’ayant ni assurance maladie, ni pensions de retraite (agriculteurs, artisans, non-salariés du secteur touristique et autre…), est pris à bras le corps par l’actuel Gouvernement, comme l’a affirmé son chef, Aziz Akhannouch, lors du Conseil du Gouvernement de cette fin d’année 2021. Gouvernement qui a plus d’une raison de s’appliquer à mener à bien cet ambitieux projet. La 1ère est qu’il «fait l’objet d’une attention particulière de SM le Roi», ainsi que l’a rappelé le chef du Gouvernement. La seconde est qu’il concorde avec les objectifs du nouveau modèle de développement (NMD) relatifs à la réduction des disparités. Enfin, 3ème raison, outre les grands et louables desseins, il y a –petite cerise sur le gâteau- un dernier enjeu politique à la clé. L’actuelle Majorité gouvernementale, qui est composée de 3 partis -le RNI chef de file, le PAM et l’Istiqlal- entend bien reprendre la main sur le terrain du social et ne pas laisser l’avantage à l’opposition islamiste qui fait du social sa principale arme politique.
Maroc, USA, Israël, consulats au Sahara, CCG…
La 4ème stratégie -et non la moindre- qui en a surpris plus d’un, en 2021, par son mécanisme autant que par ses résultats, a trait à la diplomatie déployée par le Maroc. Au cœur de cette stratégie, bien sûr, la cause sacrée du pays: son Sahara. Certes, ce combat du Maroc pour son intégrité territoriale ne date pas de 2021. Mais c’est en 2021 que les fruits de bien des efforts ont été récoltés.
Car ceux qui, par dépit ou mauvaise foi, claironnent que le Maroc doit le tournant de sa diplomatie à la seule reconnaissance de sa Souveraineté sur le Sahara par l’administration Trump, se trompent.
Certes, personne ne niera l’importance de cette reconnaissance américaine qui, soit dit en passant, n’a pas été annulée par l’administration Biden (ses derniers messages, cette semaine, à l’occasion du 1er anniversaire des accords Maroc-USA-Israël, en sont une nouvelle preuve).
Mais, l’on oublie trop souvent les efforts qui ont conduit à ces résultats. On oublie que les accords Maroc-USA-Israël ont été signés après plus d’une année et demie d’échanges laborieux. On oublie également que 25 pays ont décidé d’ouvrir un consulat à Laayoune ou à Dakhla et que cela ne s’est pas fait tout seul ; que les six Etats membres du CCG (Conseil de coopération du Golfe) apportent un soutien ferme à la Souveraineté du Maroc sur son Sahara (leur communiqué de cette semaine le rappelle) et que, là aussi, c’est le fruit d’une diplomatie sage, fraternelle et honnête… Tout ce que le Maroc a obtenu, il l’a obtenu au prix d’efforts, de patience et de dialogue (qui, pour être amical ou fraternel, n’en est pas moins franc et ferme). Et le mérite de cette stratégie en revient indéniablement au Souverain, SM Mohammed VI. Stratégie, qui se poursuivra en 2022 et au-delà, la défense des intérêts du pays ne connaissant jamais de fin.
Et «Morocco First» !
Cette stratégie Royale, déployée en diplomatie, repose sur un principe fondamental simple que beaucoup ont mis longtemps à admettre, voire ne l’admettent toujours pas… C’est le principe selon lequel chaque pays s’applique à défendre ses intérêts avec tous les moyens dont il est capable. Et s’il cède une partie de ses intérêts, ce doit être de son plein gré ou/et dans le cadre de concessions réciproques.
Le Maroc a des partenaires historiques. Pour autant, faut-il qu’il se prive de diversifier ses partenariats ? Faut-il qu’il continue de voir ses intérêts lésés, sans jamais réagir ? Faut-il qu’il accepte, comme une fatalité, la non-réciprocité qui lui a longtemps été imposée par ses partenaires historiques ?
Le «Morocco First» de la stratégie Royale, est un droit dont use légitimement le Maroc. Il est, aujourd’hui, une fierté pour les Marocains. Mais il ne traduit pas une arrogance, comme cela a pu être avancé par ceux qu’il dérange. Il traduit simplement la mise en avant de ce principe vieux comme le monde: «mon pays d’abord, ses intérêts d’abord»… Il est donc normal qu’au Maroc et pour les Marocains, la règle soit «le Maroc d’abord» !
Surtout quand ce principe est mis en œuvre avec tant d’intelligence… Merci qui ?
BA