C’est mardi 23 novembre, que la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT) a clôturé ses travaux, entamés le 15 novembre au Canada. Vu la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, la 27e réunion ordinaire de l’ICCAT s’est tenue virtuellement. Le quota global du thon rouge alloué au Maroc restera inchangé en 2022, déclare à Le Reporter, la SG du ministère de la pêche, Zakia Driouch.
Mesures de gestion, mise en place des plans d’aménagement, mesures de contrôle, etc. Plusieurs points étaient à l’ordre du jour de cette instance de pêche intergouvernementale responsable de la conservation des thonidés et de celles apparentées dans l’Atlantique.
Mais comme prévu, cette réunion n’a pas connu de grandes décisions. «Il n’y a pas eu de grands enjeux. Beaucoup de grandes décisions n’ont pas été prises lors de cette réunion», souligne une source à la Comhafat (Conférence ministérielle sur la coopération halieutique entre les Etats africains riverains de l’océan Atlantique), laquelle a suivi les travaux de la 27e réunion ordinaire de l’ICCAT, depuis la ville de Tanger. Cependant, c’est lors d’une prochaine réunion «présentielle» que les enjeux seront décidés, notamment en ce qui concerne les thonidés tropicaux, ajoute notre source à la Comhafat.
En ce qui concerne le thon rouge, les quotas alloués ne sont pas remis en cause lors. «Il n’y a pas eu de changement étant donné que c’est une réunion qui s’est tenue en virtuel. C’était compliqué d’ouvrir les débats sur la révision des quotas. En principe, cette année, on devait tout revoir, mais ça n’a pas été fait à cause de la pandémie liée au covid-19», nous déclare, ce mercredi 24 novembre, la secrétaire générale du ministère de la pêche, Zakia Driouch. Le quota alloué au Maroc restera donc inchangé en 2022, soit toujours un quota global de 3284 tonnes, précise la secrétaire générale.
Depuis 2018, le Maroc capte un quota global de 3284 tonnes de thon rouge (près de 9,86% du quota mondial). Sur ce quota alloué par les scientifiques de l’ICCAT, près de 94% sont répartis entre 18 madragues et 4 senneurs opérant dans la pêche de thon rouge. Le reste de ce quota est destiné à la petite pêche, dont les professionnels militent pour obtenir un quota conséquent dans ce secteur du thon rouge.
Notons qu’en dehors de l’UE et des Etats-Unis, le Maroc est l’un des pays ayant le plus grand quota de thon rouge vu son historique et les madragues dont il dispose aujourd’hui. La secrétaire générale Zakia Driouch a déclaré que le Royaume a appliqué toutes les mesures adoptées par l’ICCAT concernant cette espèce, et a soutenu les recommandations du Comité scientifique de l’ICCAT (SCRS), notamment le maintien des prises au niveau du Total admissible de captures (TAC) actuel en attendant l’évaluation complète de ce stock prévue pour l’année prochaine, note la SG, laquelle a été élue 1ere vice présidente de l’ICCAT, dont les recommandations sont contraignantes pour tous les pays membres, y compris pour le Maroc.
En cas de non application de ces recommandations, des mesures restrictives sont appliquées aux pays en question, notamment le boycott de leurs produits de pêche à l’export. Depuis 50 ans, cette instance internationale se consacre au choix des mesures adaptées (tailles minimales, poids minimum et quantités maximales à pêcher). Si une espèce est menacée, le quota mondial est automatiquement diminué.
Il convient de souligner, par ailleurs, qu’une intersession sera tenue l’année prochaine pour revoir toutes les conditions relatives aux pêcheries des thonidés tropicaux. Le sujet défraye déjà la chronique dans le secteur de la pêche notamment dans les pays côtiers africains, lesquels ont décidé de venir, lors de ce prochain rendez-vous, avec des propositions portant sur la révision des grilles de répartition de cette pêcherie, selon le secrétaire exécutif de la Conférence ministérielle sur la coopération halieutique entre les Etats africains riverains de l’océan Atlantique (Comhafat), Abdelouahed Benabbou.
Dans un entretien téléphonique, celui-ci a indiqué que l’«un des enjeux majeurs pour les pays africains c’est celui des thonidés tropicaux», ajoutant que le sujet a d’ailleurs été à l’ordre du jour d’une rencontre de la (Comhafat), tenue à Tanger le 14 novembre, en marge de la 27ème réunion ordinaire virtuelle de l’ICCAT. Le secrétaire exécutif déclare à Le Reporter que les 22 Etats africains membres de cette organisation intergouvernementale ont réussi –pour la première fois- à harmoniser leurs positions pour défendre les intérêts de ces pays en voie de développement, lesquels, dit-il, ne tirent pas un gros bénéfice de leurs pêcheries. «Généralement, on ne fait que réagir par rapport aux positions des Européens et des Américains. Mais lors de la prochaine intersession, qui se tiendra l’année prochaine, on va venir avec nos propres propositions et avec des pistes d’actions pour réaliser l’objectif des Etats côtiers africains», a souligné Benabbou. Avant de conclure: «Ces pays en voie de développement ont aussi le droit de pouvoir exploiter leur pêcheries et développer une industrie de pêche en ce qui concerne les thonidés tropicaux. L’objectif c’est de passer à un autre degré, en développant toutes les chaînes de valeur».
N Cherii