Les appels d’offres pour les séries télévisées du Ramadan 2022 sont au cœur d’une polémique. Alors qu’une commission est actuellement en train d’évaluer les dossiers des réalisateurs TV ayant postulé aux appels d’offres pour les séries télévisées du prochain Ramadan, la polémique monte.
Plusieurs réalisateurs contestent les appels d’offres en question quelques jours, selon leurs dires, avant la sélection des scenarios consacrés aux œuvres télévisées du prochain Ramadan. Ces mêmes réalisateurs, qui considèrent que les appels d’offres sont handicapants pour eux, dénoncent l’emprise de quelques sociétés sur le marché de réalisation de séries télévisées au Maroc. «Cela fait plusieurs années que je participe à ces appels d’offres en respectant les critères fixés par les cahiers des charges. Mais à chaque fois que j’y postule, mes concepts sont exclus! Et je ne suis pas le seul. D’autres producteurs – et ils sont bien nombreux- sont également bloqués par ces cahiers des charges», souligne un réalisateur de la chaîne Amazigh, ajoutant que la situation est difficile pour plusieurs réalisateurs qui ont mis la clef sous le paillasson à cause de ce blocage.
La polémique autour de ces appels existait déjà depuis 2015, mais cette année, ces appels d’offres font l’objet d’une nouvelle controverse, selon nos sources bien informées. «La méthode de ces appels telle que pratiquée depuis plus de cinq ans doit être revue. On espère que cette situation change», souligne un autre réalisateur de cette même chaine.
Nos réalisateurs soufflent aussi que souvent on commence les préparations des tournages de quelques feuilletons ou séries avant même les délibérations de la commission. Certaines productions soulèvent des polémiques dont certaines aboutissent à des procès en justice ou la saisine des instances de contrôle des médias, tiennent à préciser nos sources. Celles-ci pointent à cette occasion le manque de qualité et de créativité dans les œuvres télévisées sélectionnées dans le cadre de ces appels d’offres. D’ailleurs, disent nos réalisateurs, sur les réseaux sociaux, les Marocains expriment leur ras-le-bol quant à la qualité et au contenu des émissions diffusées pendant le mois sacré.
Et ce qui énerve encore plus, «c’est que ce sont toujours les mêmes sociétés qui remportent les appels d’offres», précisent nos sources qui pointent une certaine entente autour de ces appels d’offres.
D’après nos réalisateurs, qui ont requis l’anonymat, ce n’est pas la première fois que ces sociétés raflent la mise devant leurs concurrents, bien que ces derniers soient professionnels. Ils avancent que la goutte qui a fait déborder le vase a été que, depuis 2015, pratiquement tous les appels d’offres auraient été remportés par les mêmes entreprises. «Sur 89 sociétés, qui ont participé aux appels d’offres lancés, ce sont les mêmes sociétés qui remportent chaque année un marché de près d’un milliard de centimes», ajoutant que «certaines sociétés ont réalisé au cours de ces cinq dernières années entre 25 et 30 milliards de centimes».
Preuve à l’appui, nos sources bien informées soufflent que selon une étude réalisée par les professionnels du secteur sur la base des résultats relatifs aux appels d’offres annoncés par la Société nationale de la radio et télévision du Maroc (SNRT) et portant sur la seule chaine Amazigh, six sociétés de production TV s’accaparent à elles seules 50 % du budget total alloué par la chaîne Amazighe à sa grille de programmes et ce, sur une période de plus d’une décennie. Alors que 30 % de ce budget va à trois sociétés et les 20% restants sont répartis –de manière inégale et non stable- entre les autres sociétés de production, selon l’étude. Assez pour monter au créneau. Un dossier à suivre.
Naîma Cherii