Covid-19 : Le Maroc vit-il une «invasion» du variant Delta?

Le Maroc vit-il déjà une «invasion» du variant indien Delta ?  Un séquençage génomique est actuellement en cours de réalisation sur des prélèvements pour la détection et la confirmation de la circulation de ce variant, ainsi que sa propagation dans le pays. Les résultats de ce séquençage seront annoncés d’ici une semaine, selon le Pr Saïd Moutawakil, membre du comité scientifique et technique contre la Covid. Il est joint par nos soins ce lundi 5 juillet.

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Le variant indien Delta prend-il de l’ampleur au Maroc? Le pays vit-il déjà une «invasion» de cette souche? Le variant britannique serait-il toujours dominant? Quel est le taux de pénétration du variant Delta ? Pour l’heure, les données sur ce nouveau variant ne sont pas encore disponibles au Maroc, répond le professeur Saïd Moutawakil, membre du comité scientifique et technique contre la Covid-19. «Pour l’instant on ne sait pas exactement ce qui se passe dans la mesure où, jusqu’à il y a une semaine (28 juillet), seul le variant anglais, était dominant au Maroc, avec 67% des cas», affirme-t-il, faisant savoir que cette mutation du covid-19 baptisée Delta est actuellement sous étroite surveillance.

Pour savoir si le variant indien se diffuse et où, un séquençage génomique est actuellement en cours de réalisation sur des prélèvements pour la détection et  la confirmation de la circulation du variant indien, ainsi que sa propagation dans les différentes régions du royaume, selon ce membre du comité scientifique et technique anti Covid.

Les scientifiques du consortium des laboratoires créé pour la veille génomique s’activent à chercher d’éventuelles variants de la souche du coronavirus SARS-CoV-2, dont notamment celui du variant indien Delta, précise Pr Moutawakil. «Pour voir quelle est l’intensité de la contamination par le variant delta, il faut attendre les résultats du séquençage», dit-il, précisant que les résultats de ce séquençage seront annoncés d’ici une semaine.

Pour spécifier ce variant du coronavirus «originel», quatre laboratoires sont actuellement mobilisés pour séquencer le virus chez les personnes contaminées. Des directives leur ont été données afin de détecter les cas douteux et de conserver les échantillons ayant une charge virale importante un maximum, explique une autre source proche du dossier. «Le séquençage en cours va informer les autorités sanitaires de l’évolution génétique des autres souches du SARS-CoV2 circulantes au Maroc, et sur la présence éventuelle de variant autochtone ayant un impact sur la santé publique», indique notre source.

Savoir comment circulent les variants va permettre de mettre en œuvre la stratégie de lutte contre la pandémie au Maroc. «L’essentiel, c’est de savoir combien de variants sont présents sur le territoire national parce que ça va conditionner notre stratégie dans les mois qui viennent», a expliqué un médecin épidémiologiste.

Mais le Maroc ne fait pas beaucoup de séquençage même si les autorités sanitaires semblent donner un coup d’accélérateur, comme le confirme un professeur chercheur en immunologie. «Le Maroc séquence 10 % de sa population infectée par la Covid-19. Mais il est parfois impossible de séquencer tous les prélèvements pour manque de réactifs», explique notre chercheur. Selon lui, les capacités de séquençage nécessaire à l’identification des variants restent très limitées. Certains pays, comme le Royaume-Uni par exemple,  séquencent 10 % de leur population contaminée par le Covid-19. Ils arrivent à en faire 10.000 par semaine. Et nous beaucoup moins, regrette notre source.

Les personnes vaccinées sont-elles immunisées contre Delta ?

Le variant indien «Delta» préoccupe toujours les autorités dans plus de 90 pays, notamment pour son caractère contagieux. Les premières études estiment que la transmissibilité est de 70% plus élevée que les souches de SARS-CoV-2 précédemment en circulation dans le monde. Au Maroc, on ignore encore le nombre de cas liés au variant Delta, mais il y a une menace potentielle de reprise épidémique sous la pression de ce variant, qui pourrait gâcher nos vacances d’été.

Des épidémiologistes, joints par nos soins, évoquent l’identification de trois clusters de contamination du variant  Delta à Casablanca et un à Kenitra. Il s’agirait, disent-ils, de personnes venues de l’étranger, en particulier des pays en zone B, considérés par les autorités plus risqués par rapport à la propagation du virus, précise notre source. Alors que le Royaume a repris ses liaisons aériennes depuis trois semaines, des malades contaminés par ce virus risquent effectivement de pénétrer dans le territoire marocain.

Dans ses derniers bilans quotidiens, le ministère de la Santé annonce une augmentation de cas de contaminations qui ne manque pas d’inquiéter l’opinion publique. Nos épidémiologistes attribuent cette recrudescence des cas de Covid-19 et des hospitalisations à la présence du variant Delta dans le royaume. Ils craignent qu’il ne déclenche une troisième vague de Covid-19 dans les prochaines semaines. «Ce variant Delta se caractérise par une forte contagiosité avec un pourcentage de pénétration de 60% plus fort que le variant britannique Alpha. Nécessairement, le variant Delta va augmenter le nombre des patients hospitalisés et on va le retrouver également au niveau des services de réanimation», souligne Pr Saïd Moutawakil. Il ajoute, toutefois, «à travers le retour que nous avons des expériences vécues dans certains pays comme le Royaume-Uni ou encore en Australie, ce variant n’est pas aussi grave qu’on croyait. Certes, il est préoccupant mais sa  létalité est basse par rapport au variant anglais et aux autres variants».

Les vaccins utilisés par le Maroc sont-ils efficaces contre cette souche indienne ? Le Pr Said Moutawakil garantit le fait que le variant Delta est plus transmissible, mais que les vaccins qui ont été commandés par le royaume sont toujours efficaces pour une immunisation. Il insiste sur le fait que les personnes vaccinées contre la pandémie liée au nouveau Coronavirus ont moins de risques de contracter une forme grave de la maladie.

Naîma Cherii

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