Agriculture : Quelle année avec de tels résultats ?

Depuis quelques jours, de fortes pluies sont arrivées dans certaines régions du pays. Selon les prévisions de la Météo nationale, d’autres précipitations sont attendues dans les jours qui viennent. Cependant, les agriculteurs ne sont pas très rassurés pour autant !  Explications.

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Ces pluies – très attendues par les agriculteurs- doivent permettre la relance de la campagne agricole 2019-2020, notamment pour les cultures céréalières et légumineuses. Toutefois, ces premières pluies ne peuvent balayer pour autant les craintes des agriculteurs, en particulier dans les régions où la saison agricole 2018-2019 s’est déroulée dans des conditions difficiles dues principalement à la sécheresse, explique un agriculteur de la région de Chtouka Aît-Baha.

Celui-ci ne se dit pas rassuré par l’arrivée des premières pluies d’automne. Surtout que ces précipitations coïncident avec une canicule effrayante et restent donc insuffisantes, selon lui. Ces pluies s’évaporent rapidement, en raison des températures élevées, explique-t-il. La campagne agricole précédente, dit-il, ne s’est pas déroulée dans des conditions favorables. Pourtant, l’année dernière, poursuit ce petit fellah, on avait aussi démarré la saison agricole très bien.

Chez les agriculteurs, l’inquiétude se fait donc encore sentir, plus particulièrement dans les zones bour sinistrées l’année dernière, notamment en ce qui concerne les céréales. En particulier, dans les zones où les besoins en termes de précipitations est très important. Comme celles de Sous-Massa-Drâa, Abda, Haha, Rhamna, ou encore les zones situées dans le sud–est du pays, précise le consultant, expert et ancien chercheur à l’INRA, Abbès Tanji.

En termes de production céréalière, rappelons-le, l’année dernière a été décevante. Avec seulement 61 millions de quintaux enregistrés lors de la saison agricole 2018-2019, la production a enregistré un recul de 40,5% par rapport à la saison précédente, indiquait une note de conjoncture  du ministère de l’Economie et des Finances.

Selon la même source, la production a été «impactée par la mauvaise répartition temporelle des précipitations avec un volume pluviométrique en recul de 23%». Répercussions de ce repli: l’économie marocaine a enregistré un taux de croissance de 2,7% en 2019, selon le Haut-commissariat au Plan (HCP).

Quelle année avec de tels résultats agricoles ?  Pour l’ancien chercheur à l’INRA, Abbès Tanji, le Gouvernement doit réfléchir à mettre en place une politique agricole au niveau national, surtout en ce qui concerne les zones bour. Explication: «jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas encore une politique agricole claire pour sauvegarder les différentes classes», selon lui.

«On a toujours marginalisé ces zones qui représentent pourtant plus de 90% des surfaces agricoles utiles à travers le pays. Sachant que lorsque ces zones reçoivent des précipitations, c’est en fait toute l’économie nationale qui en profite. D’ailleurs, c’est grâce à ces zones-là que la production de la saison agricole 2017-2018 a atteint 103 millions de quintaux», explique le chercheur. Et d’ajouter: «on a eu une année très sinistrée en terme de production nationale. Plusieurs zones ont été sinistrées. Malheureusement l’Etat a fermé les yeux. Normalement, on devrait intervenir dans ce genre de situation pour aider plus particulièrement les petits agriculteurs… Au moins jusqu’à novembre prochain».

Selon Abbès Tanji, après une mauvaise saison agricole, les répercussions pourraient être drastiques. La sécheresse et les restrictions d’eau ont beaucoup fait chuté le rendement des agriculteurs, lesquels n’ont pas souscrit ni aux assurances, ni à aucune protection sociale, contre les aléas climatiques, dit-il. D’ailleurs, poursuit cet expert, «beaucoup d’entre eux ne vont pas être encouragés à semer et à affronter la nouvelle campagne agricole».

C’est pourquoi, notre interlocuteur estime qu’il faut un programme de soutien aux petits agriculteurs. «En cas de sécheresse, le gouvernement doit apporter son soutien à ces petits agriculteurs. Comme, par exemple, effacer leurs dettes, ou encore leur distribuer de l’eau potable. Comme cela se faisait d’ailleurs dans les années 90».

Les éleveurs font également partie des victimes de la mauvaise année agricole 2018-2019.  Ils sont donc également très inquiets pour leurs animaux. «La sécheresse, qui a été fracassante, prive les éleveurs du fourrage indispensable pour nourrir leurs bêtes. Malheureusement, ils ne peuvent pas compter sur le soutien du gouvernement», constate l’expert Abbès Tanji. Il indique, par ailleurs, que les nappes phréatiques ont été très touchées, notamment dans les régions ayant été sinistrées par la sécheresse. Avant de conclure : «Plusieurs zones sont à présent concernées par les restrictions d’eau. Pourtant, on continue d’y cultiver des pastèques ou encore le maïs. Or, ces cultures consomment énormément d’eau. Normalement, après une année de sécheresse, il faut réduire ces superficies qui sont très consommatrices d’eau».

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