Confiance et nationalité : Ce constat amer au Maroc…

Il est des informations qui, dans le flot de celles dont on prend connaissance, chaque jour, semblent n’avoir qu’une importance relative, à côté de celles qui tiennent la comptabilité des meurtres monstrueux (enfant tué par pédophile), détournements de fonds (notamment par des responsables en vue) et autre actes aussi répréhensibles que scandaleux… Pourtant, ces informations que l’on croit sans grand impact, vous déterminent l’avenir d’une nation !

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C’est le cas de cette «info» rapportée par un quotidien, cette semaine, qui nous apprend que le ministère de l’Intérieur mène une enquête inédite visant certains hommes politiques. Il y est question des élections communales, dans le nord du pays, qui attirent de plus en plus de candidats, non pas pour servir les populations de ces régions, mais pour obtenir plus facilement (et même sûrement) la nationalité espagnole ! 

Ces opérations de naturalisation se seraient répandues chez les politiciens des régions du nord, ces derniers temps. Sachant qu’il leur suffit d’être élus pour que l’obtention de la nationalité espagnole devienne un jeu d’enfant…

Le fils de l’ancien maire de Melillia Juan José Emeruda serait le chef du réseau de recruteurs de cette catégorie particulière de transfuges. Un réseau dans lequel s’activent notamment un Espagnol et un Marocain. 

Une telle information laisse pantois. 

Non pas à cause de ce que font les recruteurs. Ceux-là ont, probablement, juste trouvé un nouveau filon lucratif…

Mais à cause de ce que font les candidats à la naturalisation.

Que des citoyens désespérés, sans emploi et sans ressources, lorgnent sur un supposé Eldorado outre-frontières, cela peut encore se comprendre… Mais que des individus, qui ont les moyens de briguer un siège de représentant local, usent de ce stratagème pour usurper une nationalité au mépris de la leur… C’est à la fois consternant et affligeant ! 

Faut-il que la confiance dans leur pays se soit à ce point détériorée pour que ces gens-là en arrivent à ces extrêmes ?! La question mérite réflexion.

Certes, autant ces opérations que leurs auteurs et leurs bénéficiaires sont à blâmer. Des citoyens responsables, que ce soit de ce côté-ci du Détroit ou de l’autre, ne joueraient pas ainsi avec ce qu’il y a de plus déterminant dans l’identité d’un Etat comme dans celle d’un individu: la nationalité ! 

De plus, on peut vouloir acquérir une nationalité étrangère, pour telle ou telle raison personnelle. Mais en aucun cas, on ne peut duper et instrumentaliser ses électeurs pour y parvenir ! Le délit est grave, incontestablement.

Néanmoins, la réflexion ne peut s’arrêter là. 

Le mode de pensée de ces édiles, hélas, est de plus en plus répandu dans la société marocaine. On ne peut se mentir et ignorer cette réalité. 

Non seulement ceux qui veulent émigrer vers les pays européens ou anglo-saxons sont de plus en plus nombreux. Les enquêtes et études sont, à ce sujet, édifiantes. Selon l’une des plus récentes, Quatre Marocains sur dix veulent quitter le pays. Mais en plus, ils sont de plus en plus nombreux à programmer le départ de leurs enfants dès l’obtention du Baccalauréat, même si eux, parents, restent ici… Et ils préparent cela de longues années avant, se saignant aux quatre veines pour réunir les sommes d’argent nécessaires (200.000 DH -soit 20.000 euros- au bas mot, pour l’inscription, l’hébergement, etc, dès la 1ère année d’études à l’étranger). 

Une 1ère question se pose devant un tel constat: pourquoi les Marocains perdent-ils ainsi confiance dans leur pays ? En d’autres termes, à qui la faute ?

Puis une seconde question suit immédiatement: qui fera quoi pour remédier à cela ?

Une chose est sûre: le sujet mérite bien que l’on s’en préoccupe, messieurs du Gouvernement !  

Bahia Amrani

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