Des centaines de milliers d’Algériens se sont rassemblée en masse en début d’après-midi, pour un onzième vendredi consécutif de manifestations, le dernier avant le début du ramadan, durant lequel ils entendent poursuivre les protestations populaires exigeant le départ du système et de tous ses symboles sans exception.
C’est devant la place de la Grande Poste, devenue le point de ralliement des manifestations dans la capitale algérienne, que les manifestants se sont rassemblés vendredi 3 mai 2019 après la prière du vendredi. Ils ont une nouvelle fois appelé au départ de l’ensemble du système, exprimant leur refus que l’appareil hérité du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, gère la transition et organise la présidentielle prévue le 4 juillet prochain. «Nous refusons ce système. Il faut qu’il parte». «Ce gouvernement ne peut pas assurer la transition», pouvait-on lire sur des pancartes brandis par un groupe de manifestants.
Le général Gaïd Salah défie le peuple
Seule voix audible mais pas crédible, en face de la rue algérienne, celle du chef d’état-major de l’armée Ahmed Gaïd Salah. Devenu l’homme fort du pays depuis qu’il s’est retourné contre Bouteflika, dont il était un indéfectible soutien, Salah a clairement appuyé le processus de transition mis en place conformément à la Constitution algérienne. Pas plus tard que mardi 30 avril 2019, le chef d’état-major de l’armée algérienne a appelé les manifestants au «dialogue avec les institutions de l’Etat», martelant le refus de l’armée de «s’écarter de la voie constitutionnelle». La position ferme de Gaïd Salah est considérée, à ce jour, comme une défiance envers les manifestants et une négligence de leurs revendications.
Les manifestants ne comptent pas en rester là
En réaction aux derniers propos tenus par le général Ahmed Gaïd Salah, le président du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), Abdelouahab Fersaoui, a affirmé qu’aucun dialogue n’est possible «ni avec un Bensalah, ni avec un Bedoui, ni avec les personnes qui ont été responsables de la situation actuelle» dans le pays. Pour le président de cette ONG algérienne, le pouvoir en place continue «à manœuvrer et à gagner du temps, en ne donnant aucun signe de bonne volonté pour répondre aux revendications claires et légitimes de la population», a-t-il expliqué.
Face au pouvoir qui mise sur l’essoufflement de la mobilisation populaire qui secoue l’Algérie depuis le 22 février 2019, les manifestants promettent de poursuivre leur élan pour atteindre les objectifs qu’ils se sont fixé. «On continuera à marcher durant le ramadan pour exiger une période de transition avec des personnes propres, on ne va rien lâcher» assurent de nombreux manifestants. Pour pallier à la fatigue, la faim et la soif de la journée, ils proposent de déplacer, pendant le ramadan, les marches de protestations le soir, après le repas de rupture du jeûne.