Le mariage des mineures demeure une réalité sociale « qui interpelle tout le monde », a affirmé vendredi à Rabat le ministre de la Justice, Mohamed Aujjar, lors d’une rencontre nationale sur le mariage des mineures consacrée au « Mariage des mineures: abolir l’exception, rétablir la norme ».
Organisée à l’initiative du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) en partenariat avec le Conseil de l’Europe, M. Aujjar a souligné que le nombre des mariages de ce type, observés surtout dans certaines régions, reste assez élevé d’après les statistiques et données disponibles.
Citant les données officielles du ministère de la Justice, il a précisé qu’environ 39.031 actes ont été recensés en 2011, soit 12% du total des actes de mariage établis pendant la même année. Par ailleurs, le ministre a relevé que le nombre des mariages de mineures a depuis pris une tendance à la baisse pour se situer à 25.514 actes en 2018, soit un taux de 9,13% du nombre total de mariages de cette année.
Cette baisse, a-t-il expliqué, est due aux efforts considérables déployés par le ministère de la Justice et les autres départements ministériels et institutions nationales, particulièrement le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), les magistrats, la société civile et les médias qui ont joué un rôle essentiel dans la lutte contre le phénomène à travers la sensibilisation des citoyens.
M. Aujjar a jugé nécessaire, pour faire face à ce phénomène, de tenir compte des aspects économique et social et des besoins des familles, tout en mettant un accent particulier sur la dimension éducative en œuvrant pour la lutte contre la déperdition scolaire.
Il a souligné que la révision de l’article 20 du Code de la famille ainsi que son article 16 relatif à la régularisation du mariage coutumier doit être inscrite au cœur du débat public ayant pour objectif la révision des dispositions de ce texte de loi. Dans cette perspective, le ministre a appelé à un engagement de tous les acteurs institutionnels et de la société civile et à la nécessité de donner aux différentes parties la possibilité d’exprimer leurs vues.
« L’analyse du phénomène du mariage précoce des mineures et de ses dimensions socio-démographiques, juridiques et sociales » et « les facteurs contribuant à la recrudescence du phénomène du mariage des mineures et identification de leurs conséquences et de leurs impacts sur les droits fondamentaux et les libertés fondamentales des femmes et des enfants, et sur leur intégrité physique et psychique » sont les principaux axes de débat de cette rencontre.
Les intervenants se penchent aussi sur « l’analyse du contexte international contre le mariage précoce des filles mineures et le partage des meilleures pratiques dans ce domaine », et sur « l’identification des mécanismes qui contribuent à lutter contre le phénomène du mariage précoce des filles et des tendances en matière de prévention, de protection et de promotion des droits de cette catégorie ».
(Avec MAP)