Entretien avec Fouad Serghini, DG de l’ADER

«Il faut encore faire des efforts en matière de formation sur les techniques de restauration»

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Le programme de réhabilitation semble prendre du temps…?

 

C’est normal que cela prenne du temps. Ça a pris plus d’un siècle pour se dégrader. Il faut donc du temps pour restaurer. Nous avons restauré des monuments dans une durée moyenne de deux ans. C’est vraiment très acceptable et puis la restauration, ce n’est pas uniquement les murs. Mais, c’est surtout comment rendre la vie à ces monuments-là, que ce soit pour les étudiants qui sont revenus à leur medersa, les tanneurs qui sont revenus à leur tannerie, les commerçants ou encore les artisans de manière générale, notamment pour la population qui vit dans cette médina à laquelle un intérêt particulier est accordé.

 

Qu’en est-il des constructions menaçant ruine?

En 2013, nous avons recensé 3.666 bâtiments menaçant ruine, dont près de 1.800 sont de premier degré. Il fallait les traiter d’urgence. On les a tous traités. Maintenant, on a une centaine en chantier à finaliser. En perspective, nous avons à traiter encore un millier de bâtiments.

 

Le rythme d’exécution n’est-il pas un peu lent?

 

Faire 3.000 bâtiments en cinq ans, ce n’est pas rien. «Hamdoulillah», nous avons attaqué 2.000 bâtiments menaçant ruine de premier degré, en plus des interventions d’urgence et préventives sur près de 3.000 bâtiments. A noter qu’avant l’année 2013, il y a eu des effondrements. Mais avec ce programme de réhabilitation, on n’a pratiquement plus d’effondrements. Sauf les cas accidentels et les cas liés à des chantiers. Je crois qu’on est en train de rattraper. Arriver aujourd’hui à ce niveau pour la médina de Fès, c’est très satisfaisant. Je trouve que les pas que nous avons faits sont des pas de géant. Les autres villes n’ont pas besoin de tout ce temps-là.

 

Quelles sont, selon vous, les difficultés rencontrées dans ce dossier de réhabilitation?

 

Pour le moment, les difficultés techniques sont très bien maîtrisées, bien qu’il faille encore faire des efforts en matière de formation sur les techniques de restauration. C’est un grand chantier marocain. Il y a huit grandes villes qui sont conventionnées, pour un montant de 4,3 milliards de dirhams. Le défi, c’est donc de mobiliser les partenaires, mais aussi les prestataires de services, à savoir les architectes, les ingénieurs, les laboratoires, les topographes, les bureaux d’études, les bureaux de contrôle et les spécialistes en la matière. Un autre défi, c’est comment faire vivre ces lieux-là. C’est très important. Et le grand défi, c’est donc toute l’ingénierie touristique et l’ingénierie culturelle, pour pouvoir profiter mieux de cette restauration.

 

Entretien réalisé par N. Cherii

 

 

 

 

 

 

 

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