Elle a déjà tué 16 personnes à travers le pays, à la date du mardi 5 février. La grippe porcine ne serait pas, pour le moment, une épidémie. Mais les gens cèdent à la panique.
La question est plus que jamais d’actualité. En effet, depuis l’annonce par le ministre de la Santé, Anas Doukkali, vendredi 1er février, de la disponibilité des médicaments nécessaires, dans les pharmacies et du vaccin pour faire face à ce virus, le nombre de personnes ayant fréquenté l’Institut Pasteur et les établissements hospitaliers a légèrement augmenté au début de cette semaine, indiquent des sources médicales à Casablanca. En effet, lundi 4 février, les urgences des hôpitaux se sont plaintes de recevoir un grand nombre de personnes ne présentant pourtant pas de risque de complication, venues consulter pour des symptômes sans gravité, soulignent nos sources. Chez les pharmaciens, «les gens étaient également nombreux à demander des boîtes d’antiviraux. Mais, on ne peut pas délivrer ces médicaments sans prescription médicale, pour un traitement préventif», tient à préciser un pharmacien de la place. Et d’ajouter: «Des parents inquiets insistent pour avoir, par précaution, le Tamiflu. Or, le médicament doit être administré par le médecin traitant».
Pour ce qui est du Tamiflu, il est prescrit au malade dès les premières 48 heures d’apparition des symptômes, ainsi qu’aux proches du malade à titre préventif, explique un médecin. Le Maroc a reçu, vendredi 1er février, quelque 1.000 boîtes de Tamiflu (soit 1.000 traitements pour autant de malades). Dans une deuxième étape, il devra recevoir 15.000 boîtes de ce médicament qui n’est pas fabriqué au Maroc.
Une chose est sûre. Le virus A H1N1 n’en finit pas de faire peur, mais n’en fait-on pas un peu trop ? Certains établissements scolaires invitent les parents d’élèves à ne pas envoyer leurs enfants en cas de suspicion de la maladie et de déclarer à la direction toute transmission par le virus, après diagnostic du médecin traitant, souligne Ahmed, père d’un élève à Casablanca. Des enfants présentant les signes d’une grippe classique (fièvre, toux, fatigue et maux de gorge…) n’ont pas été admis, cette semaine, dans certaines écoles. Mais après analyse, il s’est avéré que ce n’était pas le virus A H1N1.
Et pourtant, dans certains établissements scolaires, où les mesures d’hygiène ont été renforcées, des cas suspects ont été signalés, lundi 4 février. Le groupe scolaire Louis-Massignon, pour ne citer que cet établissement, a annoncé, dans un communiqué, qu’un élève de CE2 a été frappé par le virus grippal à l’école Bouskoura 1. «L’enfant en question est pris en charge médicalement», note le communiqué.
Certaines écoles privées -sur demande de parents d’élèves- ont même envisagé une fermeture. Interpellées sur la question, des sources officieuses au ministère de l’Education nationale ne se disaient pas inquiètes pour autant. «Le ministère ne procédera pas à la fermeture des établissements scolaires. La situation n’est pas inquiétante. Il s’agit d’une situation normale», lancent les mêmes sources.
A ce stade, l’épidémie n’est-elle pas inévitable? Le virus s’est-il déjà propagé? Fallait-il informer les gens depuis le début de l’apparition du virus, c’est-à-dire en décembre dernier? Bref, autant de questions qui sont soulevées cette semaine par les citoyens que nous avons approchés.
«La maladie de la grippe porcine se propage facilement dans les espaces communs. Une école, par exemple, est un milieu favorable en raison de la vulnérabilité des enfants. Il fallait informer les Marocains dès l’apparition des premiers cas suspects, pour prendre des mesures de précaution. Surtout qu’aucune personne n’est à l’abri de la contamination par ce virus», s’inquiète le directeur d’une école privée à Casablanca.