Pêche : La bataille du poulpe va-t-elle déboucher sur une manif?

Le repos biologique hivernal devra prendre fin le 15 décembre 2018. A Dakhla, connue par l’abondance du poulpe, l’«arrêt» biologique consiste en un repos pour 3.082 barques et 12.000 marins-pêcheurs artisanaux. Mais tous ces pêcheurs reprendront-ils la mer le 15 décembre?

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La question continue de faire l’objet d’une grande polémique au sein des professionnels. A quelques jours de l’ouverture officielle de la nouvelle saison de la pêche au poulpe (15 décembre 2018), certains professionnels de la région sud se disent inquiets et demandent au département de la Pêche maritime de revoir la date fixée pour le lancement de la «campagne du céphalopode». Selon eux, l’espèce n’a pas encore atteint la taille commerciale dans les pêcheries du poulpe, au sud de Boujdour. «On a constaté que la taille commerciale requise n’est pas encore atteinte. C’est ce qui justifie, de fait, notre demande de prolonger le repos biologique», lancent des professionnels de la pêche artisanale, qui ont adressé une lettre dans ce sens au ministère. «Malgré les deux mois de repos biologique, observé depuis fin septembre, les poulpes sont encore très petits. C’est pourquoi nous avons adressé une lettre au ministre Aziz Akhannouch, pour reporter la date de la reprise de l’activité, au moins jusqu’au 15 janvier», selon Moulay Hassan Talbi, président de l’Association des propriétaires des barques artisanales à Dakhla.

Mais cette question du repos biologique ne fait pas l’unanimité au sein des professionnels. A la Confédération nationale de la pêche côtière, pour ne citer que cette instance, on se montre intransigeant. Son président, Larbi Mhidi qui se veut plus ferme, déclare que les professionnels de la pêche côtière comptent hausser le ton, si le ministère de tutelle décide de prolonger la durée du repos biologique. «L’activité doit reprendre à sa date officielle. La taille commerciale des poulpes est normale. Ces espèces ont disposé de tout le mois d’octobre et de celui de novembre pour croître et se multiplier. En témoignent d’ailleurs, les résultats des analyses effectuées par l’Institut National des Ressources Halieutiques (INRH) qui confirme que les quantités sont abondantes et les tailles sont normales, en ce moment, dans les pêcheries concernées par cette espèce», explique le président Larbi Mhidi.

Selon lui, ce sont les prix du poulpe qui constituent le principal motif de la demande de report de certains opérateurs. Et il explique: «Les prix du poulpe ont commencé à baisser depuis plusieurs mois sur les marchés internationaux. Aussi, de grandes quantités de poisson ont été stockées dans des unités et le sont encore depuis la campagne précédente», soutient ce même professionnel. Et d’ajouter: «Ce sont surtout les propriétaires de ces unités qui sont derrière cette réclamation de report de la date de la reprise de l’activité. Ils attendent que les prix augmentent sur les marchés internationaux pour liquider leur poulpe stocké».

Au ministère, aucune décision n’est encore tombée à ce sujet. Mais des sources officieuses indiquent qu’un Comité de suivi devra se réunir incessamment, pour débattre de cette question qui divise actuellement les professionnels du secteur au Maroc. Nos sources, bien informées, font savoir que le sujet a fait débat lors d’une rencontre qui a réuni, lundi 3 décembre, les responsables du ministère et des professionnels qui demandent, quant à eux, de lancer la saison du poulpe à sa date prévue initialement par le département de la Pêche.

L’idée de reporter la reprise de l’activité poulpière suscite la colère et un sentiment de frustration chez les marins-pêcheurs du poulpe. «Cela fait plusieurs semaines qu’ils attendent le début de la saison hivernale du poulpe. Les pêcheurs sont frustrés à l’idée de ne pas pouvoir reprendre leur activité le 15 décembre. Ne pas entamer la campagne à sa date officielle fixée par les responsables aurait des conséquences graves», souligne un professionnel. Et de conclure: «Beaucoup de pêcheurs attendent impatiemment de reprendre l’activité, après un arrêt de plus de deux mois. Cette activité est vitale pour eux. Et il n’est pas exclu d’organiser des mouvements de protestation, si la campagne n’est pas lancée à la date officielle». A en croire les dires de ce professionnel, des pêcheurs chauffent déjà les troupes pour tenter de convaincre les marins-pêcheurs de mettre la panique en mer. A suivre donc, d’ici le 15 décembre…

A noter enfin que le département de la Pêche maritime avait décidé, dans le cadre de la protection de la ressource céphalopodière, d’instaurer deux périodes d’arrêt biologique, notamment dans la pêcherie poulpière tout au long du littoral marocain. L’instauration de ces deux périodes d’arrêt de la pêche au poulpe, généralisées à tout le littoral, vise à protéger le stock et à assurer sa reconstitution. Elle a aussi pour but de lutter contre toute forme de pêche illégale.

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