L’Envoyé Personnel du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Sahara, Horst Köhler, poursuit sa 2ème tournée dans la région (qui fait suite à celle d’octobre 2017). Il est au Maroc.
Après avoir rencontré les responsables d’Alger (le 1er ministre Ahmed Ouyahia et le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel), ceux de Mauritanie (le chef de l’Etat Mohamed Ould Abdelaziz et le ministre des AE Ismail Ould Cheikh Ahmed) et les représentants du Polisario qui l’ont reçu à Tindouf (il ne se sera pas fait piéger, comme Ban Ki-moon, en se laissant attirer par les séparatistes dans la zone tampon de Bir Lahlou)… le voici à Rabat, ce mercredi 27 juin. Ensuite, sa tournée se poursuivra au Sahara marocain, pour constater de visu tous les efforts réalisés en matière de développement socio-économique dans la région. Et prendre connaissance des chantiers lancés dans le cadre du plan de développement du Sahara s’étalant sur 5 ans, pour lequel une enveloppe de 77 milliards a été prévue.
Au moment où nous mettions sous presse, il était reçu par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita.
Cette tournée régionale de H. Köhler intervient après l’adoption de la résolution 2414 du 27 avril dernier, dans laquelle le Conseil de Sécurité des Nations Unies a réaffirmé, comme chaque année, la prééminence de l’Initiative marocaine d’autonomie ; et recommandé expressément aux pays voisins -et donc à l’Algérie- «d’apporter une contribution importante au processus et de s’engager plus fortement pour progresser vers la solution politique».
La résolution 2414 du Conseil de sécurité sur le Sahara marocain a, de même, confirmé le statut de zone tampon de toute la zone à l’Est du dispositif de défense, où il ne saurait y avoir d’activités civiles ou militaires.
La résolution a également réaffirmé la finalité du processus politique qui consiste à «parvenir à une solution politique réaliste, réalisable et durable, basée sur le compromis». Or, une solution politique exclut le referendum, sachant que l’autodétermination peut s’exprimer par d’autres moyens (seuls 5 cas d’autodétermination dans le monde ont emprunté la voie du referendum et leurs expériences ne sont pas des plus probantes). Par contre, c’est bien une solution politique que préconise le Maroc avec cette Initiative d’autonomie élargie qu’il propose à la négociation, sous l’égide de l’ONU, depuis 2007.
Enfin, la résolution 2414 confirme le statut de l’Algérie en tant qu’acteur et partie prenante qui doit s’impliquer de manière forte dans la recherche de la solution politique. Algérie que la résolution du Conseil de sécurité exhorte à honorer ses obligations internationales à l’égard des populations des camps de Tindouf, en lui demandant à nouveau de permettre le recensement de ces populations.
La mission de Horst Kohler est à 1ère vue simple. Il s’agit de relancer les négociations entre les parties au conflit du Sahara, suspendues depuis 2012. Pourtant, depuis 6 ans, aucun facilitateur onusien n’a réussi à mener cette mission à son terme.
A l’occasion de la rencontre de Lisbonne, en mars 2018, avec Horst Kohler, la partie marocaine a expliqué à l’Envoyé personnel les fondamentaux de la position marocaine tels que définis par SM Mohammed VI, dans son Discours du 6 novembre 2017 commémorant le 42ème anniversaire de la Marche Verte. Il s’agit de 4 fondamentaux. Un: aucun règlement du conflit en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, ni en dehors de l’Initiative d’autonomie, dont la communauté internationale a reconnu le sérieux et la crédibilité. Deux: les parties à l’origine de ce conflit monté de toutes pièces (l’Algérie notamment) doivent assumer pleinement leur responsabilité dans la recherche d’un règlement définitif. Trois: l’ONU est la seule instance compétente pour le règlement de ce conflit. Quatre: le Maroc refusera toute démarche ou proposition qui s’écartera du plan de règlement onusien et des paramètres préconisés et retenus par le Conseil de Sécurité.
H. Kohler a fort à faire, lors de cette tournée. Dans sa résolution d’avril dernier, le Conseil de Sécurité n’a prorogé le mandat de la Minurso que de 6 mois, ne donnant à l’Envoyé personnel que jusqu’au mois d’octobre prochain pour revenir vers lui avec un rapport et des propositions… Après l’avoir vu élargir ses consultations à des parties qu’exclut la compétence exclusive de l’ONU, ou à des parties dont le choix ne s’explique pas (pourquoi la Suède en particulier?), les Marocains, qui ne savent pas encore si les 1ères erreurs commises par Horst Kohler relèvent d’un parti-pris (déjà), ou de maladresses, sont attentifs à ses moindres faits, gestes et propos…
KB