Entretien : Al Mahdi Arrifi, DG de l’Agence pour le Développement Agricole (ADA)

«Toutes les filières de l’agriculture se prêtent à l’agrégation»

 

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L’ADA est un partenaire de chacune des éditions du SIAM. Comment se présente sa participation au SIAM 2018?

 Comme pour chaque édition, l’ADA participe au SIAM de manière assez riche et diversifiée. D’abord, elle y participe à travers le pôle dédié aux produits du terroir qui attirent des centaines de milliers de visiteurs. L’Agence est responsable de ce pôle qui comptera 230 stands qui sont accrédités et gérés par l’ADA. Déjà, nous avons la liste des coopératives et des groupements qui vont participer au salon. Ce sont des groupements qui doivent justifier obligatoirement d’une autorisation sanitaire de l’ONSSA, pour garantir la qualité du produit exposé dans ce salon. On est aussi partie prenante et partie importante dans le grand pôle «Agriculture du Maroc» qui  est organisé par le ministère de l’Agriculture. Dans ce grand stand, le ministère expose  tout ce qu’il présente aux différents acteurs, investisseurs et agriculteurs comme incitations et facilitations, pour l’investissement et  le développement agricole. Il présente également certains chiffres importants (par région) pour l’agriculture, notamment en ce qui concerne les filières végétales ou encore les filières animales. De même, il présente les chiffres  relatifs à l’évolution que connaît le secteur agricole, grâce au PMV (augmentation des superficies par filière, investissement, valeur ajoutée agricole…). En outre, le stand présente tout ce que prévoit la législation en matière régalienne, notamment en termes de contrôle, d’amélioration de la qualité, de sécurité sanitaire des produits alimentaires, ou encore en matière de conseil agricole et d’accompagnement des agriculteurs. Dans cet espace, l’ADA participe avec plusieurs panneaux qui présentent les réalisations du PMV, que ce soit au niveau du pilier I à valeur ajoutée de l’agriculture ou au niveau du pilier II de l’agriculture solidaire.

On y présente également tout ce qu’on fait en matière d’agrégation, de promotion de l’investissement agricole et de mobilisation du foncier pour la promotion de l’investissement, ainsi qu’en matière d’opportunités offertes sur les plans d’incitation financière, d’accompagnement et de structuration des projets, etc. Pour cela, des desks sont également prévus, avec des bornes interactives, des supports documentaires et des brochures qui seront remises aux visiteurs (agriculteurs et investisseurs). Evidemment, nous allons axer le contenu des différents supports sur la thématique de cette année.

 Alors que la «logistique et les marchés agricoles» sont la thématique principale du SIAM 2018, peut-on imaginer que cette priorité permette de mettre en valeur les petites exploitations, les coopératives et toutes les petites structures qui ne sont pas aujourd’hui encore considérées comme partie prenante de l’industrie agraire? Est-ce que c’est réaliste, en fait?

Bien sûr  que c’est réaliste. D’ailleurs, l’un des objectifs majeurs, c’est bien l’intégration des petits agriculteurs et des petits producteurs dans la valorisation et la transformation dans le marché agricole. L’une des choses sur lesquelles nous allons axer notre intervention et notre participation au niveau du stand « Agriculture du Maroc », c’est, d’ailleurs, de montrer ce que nous faisons aujourd’hui en matière de commercialisation et d’accompagnement des petits agriculteurs et des coopératives agricole féminines, ainsi qu’en matière de commercialisation de leurs produits. Aujourd’hui, nous avons plusieurs activités pour l’accès aux grandes et moyennes surfaces de distribution de ces petits agriculteurs qui produisent les produits du terroir. Il y a également tout ce qu’on fait en ce qui concerne le commerce électronique. A cet effet, il y a une convention importante avec Barid Al Maghrib, pour la commercialisation des produits du terroir en ligne. Près de 20 boutiques sont déjà en ligne. On peut donc consulter sur internet et acheter ses produits en ligne. Il convient aussi de souligner la participation de ces petits agriculteurs aux grands événements  nationaux et internationaux. Rien qu’à Paris, par exemple, à l’occasion du Salon de l’agriculture, nous avons organisé plus de 400 B to B avec des opérateurs qui veulent importer des produits marocains. De même, nous avons les plates-formes logistiques et commerciales permettant de vendre les produits des coopératives de manière agrégée et beaucoup plus moderne. Pour l’instant, une plate-forme logistique et commerciale est déjà réalisée à Meknès et une autre à Al Hoceima. Nous comptons construire, cette année, la troisième plate-forme logistique et commerciale à Agadir. Il y a lieu de signaler également la réalisation de 252 unités de valorisation et de transformation de produits, dans le cadre de l’agriculture solidaire (Pilier II).

Depuis deux ans, l’ADA avait lancé une large campagne de sensibilisation sur les nouvelles dispositions de l’agrégation agricole, pour l’installation de projets d’agrégation. Mais l’opération semble connaître quelques difficultés…

On sent, en effet, qu’il y a un peu de lenteur. Pour relancer les choses, nous avons  d’abord examiné les textes qui sont actuellement en vigueur. Nous avons fait beaucoup de consultations auprès des différents acteurs, des différents agrégateurs, des interprofessions agricoles et des investisseurs agricoles. On s’est alors rendu compte qu’il y a un certain nombre de dispositions qui ne sont pas de nature à accélérer l’installation de projets d’agrégation. Telles, par exemple, les normes d’éligibilité, notamment en termes de superficie minimum, du nombre d’agriculteurs minimum et de productivité minimum à atteindre.  A noter aussi l’existence de certaines dispositions qui sont inhérentes à l’approbation en procédure administrative. Il faut dire que certaines petites choses bloquent et font que ce n’est pas toujours facile d’obtenir certains documents. Ceci dit, il convient de rappeler que 60 projets ont déjà obtenu leur attestation d’agrégation. Ces 60 projets agrègent actuellement 49.000 agriculteurs, qui ont leur attestation d’«agrégés» délivrée par l’ADA. Ce n’est pas rien. C’est plus de 20 milliards de dirhams d’investissements atteints. C’est important. Sachant que ces agrégés ont déjà bénéficié de plus de 1,67 milliard de dirhams de subventions.

Qu’en est-il des potentialités offertes aujourd’hui en termes d’agrégation?

En termes d’agrégation, nous pensons que les potentialités offertes aujourd’hui, au niveau des différentes régions du Maroc, sont encore plus importantes.  Nous avons examiné là où il y a de la lenteur. Cela faisait trois mois qu’on travaillait dessus. Les propositions des différents acteurs et opérateurs portent sur l’assouplissement des procédures. C’est ce qu’on va faire. Le séminaire organisé le 4 avril à Marrakech est venu couronner tout le travail que nous avons fait durant ces derniers mois. Les opportunités et les potentialités sont très importantes. On estime actuellement à plus de 200.000 agriculteurs qui pourraient être agrégés facilement, parce qu’ils travaillent déjà dans l’agrégation. Ils sont agrégés de fait. La filière laitière, par exemple, fonctionne sous le système d’agrégation, mais qui n’est pas encore formalisé sur le plan réglementaire. Si on assouplit les normes et les procédures, on pourra très facilement agréger de manière légale et réglementaire ces 200.000 agriculteurs. Mais le chiffre ne s’arrête pas là. Car toutes les filières d’agriculture se prêtent bien à l’agrégation. Nous pensons donc que c’est important d’instaurer la confiance entre les agrégateurs et les agrégés. Les possibilités sont en effet énormes. D’ailleurs, nous avons déjà commencé à mettre en œuvre les recommandations de Marrakech. D’ici peu de temps, on va promulguer les nouveaux textes et aller sur le terrain pour intéresser les gens et accompagner les agrégateurs et les agrégés en formalisant les produits selon la réglementation.

Propos recueillis par N. Cherii

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